A la finca Las Tiesas de Santa Maria située dans la province de Cáceres, s’étend la ganaderia de Victorino Martin sur plus de 1 600 hectares depuis 1976. C’est un long périple qui nous emmena à la rencontre de Victorino Martin Garcia, qui nous expliqua longuement les prémices de cette ganaderia légendaire.
Voici, de part ses mots, la naissance et l’historique de la ganaderia Victorino Martin :
« Le Marqués de Albaserrada et son frère Santa Coloma ont divisé en 1912 leur ganaderia. Il y avait deux rames : une moitié Ibarra et une moitié Saltillo. Le Marqués de Albaserrada a conservé la partie Saltillo et a éliminé la partie Ibarra en la vendant à d’autres ganaderos comme le Duque de Tovar, Graciliano Pérez Tabernero ou Coquilla. Depuis qu’il eut récupéré la partie Saltillo, le Marqués de Albaserrada n’avait que des sementals d’origine Saltillo. C’est-à-dire que la ganaderia Victorino Martin est une dérivation de Saltillo »
Cela pose les bases d’une origine très pure que les différents propriétaires ont réussi à conserver pendant plus de 60 ans.
« Depuis que la ganaderia a été créée en 1912, personne n’a jamais mélangé le sang. C’est le Marqués de Albaserrada qui en était propriétaire pendant 8 ans, jusqu’à sa mort. Sa veuve a vendu la ganaderia à José Bueno, qui n’a pas mélangé le sang non plus. José Bueno est mort sans enfants, et sa veuve a laissé la ganaderia à ses neveux. Eux non plus, n’ont jamais mélangé le sang. C’est à ce moment là que mon père a acheté aux trois neveux de José Bueno une ganaderia qui devait aller à l’abattoir. Mon père a acheté le lot de chacun des trois neveux, entre 1960 et 1965. Durant ces années-là, les toros étaient lidiés sous le nom de Escudero Calvo Hermanos et à partir de 1966, mon père a lidié en son nom propre. Durant tout ce temps, le sang n’a jamais été mélangé à un autre. »
Aujourd’hui, la ganaderia Victorino Martin compte 350 vaches séparées en 49 familles différentes. Diplômé comme vétérinaire, Victorino Martin Garcia travaille avec l’Université de Salamanca sur la génétique de sa ganaderia dans le but de maîtriser parfaitement tout son cheptel et créer des indices de distance génétique entre les reproducteurs et les vaches. Aujourd’hui, chaque famille est recensée avec leur origine lointaine. La génétique est un travail d’orfèvrerie chez Victorino Martin.
Ce travail titanesque a permis au ganadero d’effacer au fil des années les problèmes de consanguinité qui remontent aux prémices de la ganaderia. Pour rappel, aucun sang extérieur n’a été apporté, obligeant la famille Martin a se débrouiller avec le bétail en présence.
« Nous voulons récupérer notre place, nous reviendrons avec l’intention de triompher. »
Une fois l’historique et les origines de la ganaderia établis, nous avons parlé de l’actualité de la ganaderia en abordant un certain retour dans les arènes du Plumaçon à Mont de Marsan le 21 juillet prochain. Après le fiasco de la Temporada 2019 et la sortie d’un sobrero imprésentable, les toros de Victorino Martin ont disparu du panorama taurin montois pendant 5 ans. Une éternité pour la ganaderia au A couronné, symbole de la Madeleine montoise depuis plus de 30 ans comme le rappelle le ganadero « Le Sud-Ouest et particulièrement Mont de Marsan est une zone très « Victorino ». A Mont de Marsan, les Jeudi de la Madeleine étaient les Jeudi des « Victorino ». ». Historiquement, les corridas des fêtes de la Madeleine de Mont de Marsan se déroulaient du Dimanche au Jeudi.
Concernant l’épisode de 2019, Victorino Martin a accepté de revenir sur le fiasco qui a suscité la colère des aficionados en admettant que « Ce dernier toro n’aurait jamais dû sortir. » tout en soulignant la responsabilité des organisateurs de l’époque, Marie Sara et Guillaume François, d’avoir mis ce toro en sobrero. Malgré tout, le bilan du ganadero n’est pas si noir si l’on regarde la corrida en général « Sur le reste du lot il y a eu des toros intéressants qui n’avaient pas été exploités dans leur totalité. S’il n’y avait pas eu ce sobrero, et un cartel plus approprié à une corrida de notre fer, je suis à peu près sûr que tout aurait été très différent. » souligna le ganadero, avant d’afficher des ambitions claires « Nous voulons récupérer notre place, nous reviendrons avec l’intention de triompher. ».
Pour la corrida de 2024, Victorino Martin Garcia se veut donc très ambitieux pour son retour au Plumaçon « Cette année, Mont de Marsan a programmé un cartel de toreros qui connaissent notre ganaderia. Nous y allons avec l’espoir de connaître un succès important, que les choses se passent bien, et pouvoir récupérer la place que nous nous sommes gagnés dans ces arènes. ». L’importance des toreros est un sujet particulièrement sensible pour le ganadero puisque le toro de Victorino est un toro différent de tous les autres. Récemment, le meilleur exemple s’appelle Borja Jiménez qui intègre cette année les plus grandes férias grâce à son triomphe dans les arènes de Las Ventas face aux toros de la maison Victorino. « Je crois qu’il est très important que les toreros qui tuent nos corridas connaissent la ganaderia. Notre toro est différent, la génétique et le comportement sont totalement différents, notre toro est loin de quasiment tout le reste, en incluant même les toros d’origine Santa Coloma. » insiste Victorino. Pour Borja Jiménez, qui n’avait jamais toréé de corrida du légendaire fer avant son triomphe madrilène, sa préparation fut d’une importance primordiale. « Ce qu’il s’est passé ce jour-là, c’est que Borja Jiménez a été sensationnel. Avant cette corrida, nous avions fait un travail très profond. La vérité c’est que le cartel de cette corrida ne me plaisait pas. J’ai appelé les toreros pour qu’ils viennent se préparer au campo, et il est vrai que Borja était celui qui me donnait le plus d’espoir ». Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain Emilio de Justo qui s’est lui aussi forgé face aux toros de Victorino Martin avec le succès qu’on lui connait aujourd’hui.
Le rendez-vous est donc pris pour le retour des toros de Victorino Martin dans les arènes de Mont de Marsan le Dimanche 21 juillet prochain. Les aficionados montois ont coché la date sur leur calendrier taurin…
A SUIVRE
Propos recueillis par Jean Dos Santos le 10 février 2024