Tardieu Frères : « Il est plus intéressant de sortir une corrida complète qu’une corrida concours »

En ce début de Temporada, nous sommes allés à la rencontre de la ganaderia de Tardieu Frères, basée « Mas de la Cour des Bœufs » Mas-Thibert. Désormais dirigée par Louis et Alain Tardieu, fils de Louis, la ganaderia Tardieu Frères tentent de se faire une place dans le large panorama français avec une camada d’origine Nuñez…

Comment a commencé l’histoire de la ganaderia et sur quel sang est-elle basée ?

Louis Tardieu : « La ganaderia a été créée en 1951 par mon père Lucien Tardieu qui a hérité d’Etienne Pouly. Puis, en 1960, il a acheté la ganaderia de Pierre Pouly avec deux étalons : l’un de Infante de Camara et l’autre du Duc de Tovar. C’est à partir de cette souche que la ganaderia a été créée puis améliorée au fil des années »

Comment décririez-vous le toro de la maison ?

« Nous essayons de présenter des toros sérieux, avec de la tête. Comme tous les ganaderos nous voulons un toro brave à la pique et ‘’toréable’’ ensuite. »

Comment voyez-vous la situation taurine en France ?

« La situation est stabilisée avec à peu près toujours le même nombre de ferias, le public a l’air de répondre. Ce qui a beaucoup chuté ce sont les petits spectacles : novilladas sans picadors… Ils sont très difficiles à monter, reviennent cher et le public ne répond pas toujours présent. Il y a un manque pour lancer les jeunes. »

Il est vrai de dire que ces dernières années, les organisateurs français, notamment dans les arènes de seconde et troisième catégorie, favorisent nettement l’élevage français. De nombreux spectaclent mettent en scène ces corridas ou novilladas dîtes « competencia » où chaque éleveur mène un produit de sa ganaderia. D’autres organisateurs optent pour les « desafio ganadero » qui opposent deux ganaderias lors d’une même corrida, alors que la place réservée aux lots complets est plus basse. En 2023, seul 16 corridas sont sortis avec 6 exemplaires d’une même ganaderia française.

La part de marché des ganaderos français a fortement augmenté ces dernières années. Mais la multiplication des corridas ‘’compétencia’’ n’offre souvent qu’un seul toro par ganaderia. Est-ce vraiment une bonne opportunité pour les ganaderos ?

« Je ne pense pas que cela soit une bonne opportunité. Il est plus intéressant de sortir une corrida complète qu’une corrida concours. Dans ce type de corrida il y a une épée de Damoclès au-dessus de la tête du ganadero : cela peut être tout bon ou tout mauvais. Une corrida avec 6 toros permet d’avoir toujours un ou deux toros qui sortent du lot pour rattraper une corrida. »

Avec seulement 5 toros/novillos confondus, vendus en 2023, la rentabilité économique de la ganaderia doit nécessairement reposer sur d’autres sources de revenus. Comme de nombreuses ganaderias, celle des Tardieu Frères opte pour la tourisme, une pratique encore peu développée il y a un dizaine d’années.

Avez-vous d’autres activités pour diversifier les revenus de la ganaderia ?

« On ne s’enrichit pas en étant ganadero. On arrive à vivre et nous avons diversifier nos activités avec des journées taurines, en recevant des clubs, etc. La nouveauté, les balades de Mag, notamment en calèche ou en 4X4, sont un plus qui permet de faire découvrir l’envers du décor d’une ganaderia, que les gens ne connaissent pas forcément. »

Quelle différence existe-t-il entre la ganaderia Tardieu Frères et Alain Tardieu ?

Nous avons rafraichi le sang notamment avec un lot de vache de Pereda, d’origine Nunez, et depuis une dizaine d’année avec un apport de vaches d’Escudero ainsi que des étalons. La Ganaderia Alain Tardieu avait acquis du pur Pereda et est restée sur cette base-là.

Entretien et photos réalisés par Paul Ribat en Avril 2024