Soustons : Cristiano Torres triomphe devant une novillada décevante de Montalvo

C’est sous une chaleur de plomb que la novillada de Soustons s’est déroulée ce Dimanche 11 août 2024. Malgré un report d’une heure, l’assistance était faible pour la novillada « flamenca » organisée par Julien Lescarret et son équipe. C’est finalement Cristiano Torres, le meilleur novillero de la tarde, qui est sorti a hombros devant les novillos décevants du fer de Montalvo (Salamanque).

Pour l’événement, deux guitaristes et chanteurs ont animé l’après-midi et la musique n’a pas pris le pas sur ce qui se passait en piste. Une bonne chose qui s’explique aussi par un public très froid, plombé certainement par la chaleur étouffante de la journée.

Six novillos de Montalvo, justes de présentation notamment au niveau des armures, courtes et rentrées vers l’intérieur pour la plupart, aux pointes abîmées. Plus volumineux le dernier, globalement des novillos de gabarit léger mais correct pour la catégorie de l’arène. Six piques symboliques devant un lot juste de forces dans l’ensemble, avec un fond de noblesse chez les cinquième et sixième.

Le cinquième novilllo de Montalvo

Cristiano Torres s’est logiquement imposé comme le triomphateur de la tarde. Juste dans son placement et techniquement, le novillero de Zaragoza s’est montré supérieur à ses compagnons de cartel, notamment dans l’engagement et dans sa technique. Malgré une première mise en suerte ratée, il a livré une première prestation honorable devant un public froid, assommé par la chaleur. Des naturelles fluides et verticales ont offert les premières émotions de la tarde malgré le refus de la présidence de céder une oreille. Cristiano Torres a profité du dernier novillo pour remettre la jambe à l’étriller et décrocher un nouveau succès. Sous les airs flamencos, Torres a réalisé la meilleure performance de cette novillada en signant un travail abouti sur les deux bords, et cette fois-ci, faisant écho avec les tendidos. 2 oreilles quelques peu généreuses mais qui ont eu le mérite de tomber en même temps.

Cristiano Torres devant le dernier nuit tombante

Nino Julian, seul français aligné au cartel, a livré une prestation honorable grâce à une présence dans les trois tercios. Appliqué dans son trasteo, Nino Julian a dû composer devant un premier novillo faible et sans grande saveur. Cela ne l’a pas empêché de s’octroyer une vuelta finalement morose. Devant son deuxième aux qualités supérieures, le français a livré une faena inégale. Il a mis du temps à s’adapter à la mobilité inattendue du novillo en entame de faena. Il reprit la main en fin d’acte quand l’animal baissa d’intensité. Dommage, le novillo avait quelques opportunités à saisir sur le début de faena. Oreille généreuse accordée.

Manuel Roman était sûrement le novillero le plus expérimenté du cartel si l’on en croit le nombre de novilladas toréées. Régulièrement associé à Marco Pérez dans les cartels, le novillero andalou avait, cette après-midi, l’opportunité de s’exprimer pour la première fois depuis ses débuts en novillada piquée dans le Sud-Ouest. L’attente était forte mais le bilan l’est moins. Pour un novillero « puntero » (qui toréait beaucoup), Manuel Roman a montré peu de certitudes, notamment dans son placement, toujours hors sitio, toréant ses deux adversaires sur le passage. Malgré des gestes toreros, sa prestation du jour fut en dedans de ce que l’on pouvait attendre. Circonstances atténuantes devant son premier sans classe mais son second novillo a montré davantage de qualité. Il a permis à Manuel Roman de décrocher une petite oreille qui ne restera pas dans les mémoires. Dommage.

Toro a Toro

Le premier Montalvo est juste de présentation, aux armures mal faites et abîmées. Réception par véroniques à genoux de Nino Julian avant un tercio de piques très discret, une ration très légère. Tercio de banderilles enjouée de Nino Julian qui pose trois paires de bon niveau. Dans le dernier tiers, le toro est faible et manque de mobilité. La faena de Nino Julian manque de précision avec la circonstance atténuante de l’adversité. Une entière de côté pour conclure. Vuelta loin d’être nécessaire.

Nino Julian aux banderilles

Le second, aux armures commodes, prend une pique légère. Travail de cape discret de Manuel Roman qui réalise une réception et un quite trop neutres. La faena est sur la continuité de l’entame, sans saveur ni transmission, que ce soit chez le torero, trop périphérique ou chez le novillo, dénué de classe. Un 3/4 de lame nécessitant le descabello pour conclure dans un silence de cathédrale

Le troisième est dans la même lignée de présentation. Véroniques soignées de Cristiano Torres avant une pique légère. Le novillero de Zaragoza réalise une bonne faena en toréant sur le terrain de l’animal. Il dessine plusieurs séries avec temple et style. Dommage que le public soit peu réceptif aux efforts de Torres. Malheureusement l’épée est de côte et pas assez efficace. 1 descabello net et pétition non entendue. L’oreille aurait pu être concédée…

Cristiano Torres à la cape

Nino Julian accueille un burraco aux armures agréables par un farol suivi de véroniques ajustées. 1 pique légère. Malgré des forces limitées, le novillo de Montalvo est mobile. Il charge avec intérêt sur l’entame de faena, mettant le novillero en difficulté. Trop sur le passage et donnant la sortie sur la corne opposée, Nino Julian se reprend quand le toro baisse de régime. Le tout manque un peu de maîtrise. 1 petite oreille après une entière basse et un descabello.

Manuel Roman hérite du cinquième, un nouveau burraco juste de présentation. 1 pique. Le novillo de Montalvo est noble et charge avec une pointe de classe. Malgré des séries exclusivement sur le passage, Manuel Roman trace des muletazos agréables sur les deux bords. L’animal va a menos et l’espagnol conclut d’une entière en place au second essai. Une oreillette accordée.

Manuel Roman devant le second Montalvo

Cristiano Torres voit sortir le novillo le plus charpenté de la tarde en dernière position, toujours aux armures pas très scintillantes. Une pique légère. Le torero de Zaragoza réalise une nouvelle faena de très bon niveau avec des séries vibrantes. Il profite de la noblesse de l’animal et de son aisance technique pour toréer sous les airs flamencos. Dans un bon sitio et toujours sincère, Torres déroule face à son adversaire. Malheureusement sa première épée est loupée avant une entière concluante. 2 oreilles délivrées avec une pointe de générosité. Vuelta du ganadero très osée (aux côtés de Torres), compte tenu la piètre qualité du bétail proposé par le fer salmantin…

6 novillos de Montalvo pour
Nino Julian : vuelta généreuse et une oreille
Manuel Roman : silence et une oreille
Cristiano Torres : vuelta après pétition et 2 oreilles

Jean Dos Santos