Photos : Victoria Bordes
L’organisation a affiché fièrement et avec raison le No Hay Billetes une heure avant la course, preuve que le public répond présent si on lui propose de bons carteles. Une première depuis 30 ans dans les arènes Henri Capdeville !
Six toros du Puerto de San Lorenzo et la Ventana del Puerto (1,2,5 et 6) (Salamanque), d’origine Atanasio Fernandez, de présentation commode et aux bouts des armures abimées. Le sixième mieux armé et de meilleure qualité.
Sebastien Castella reçoit un premier toro brocho mais très doux dans la cape. Il prend une monopique très faible mais arrive à déséquilibrer le picador par un mouvement de judo. Le diestro exploite bien ce toro à la charge très templée, propice pour le toreo artiste en servant des doblones puis des derechazos exquis au centre. Mais le côté obscur prend le dessus et le toro devient soso. Il n’y a plus beaucoup de transmission en fin de faena. Après avoir écouté un avis pour avoir joué les prolongations, le matador met une épée de côté et coupe la première oreille généreuse de la tarde.
A son deuxième, un toro très bizco, et distraido à la cape, Sebastien arrive à l’intéresser à force de patience. Il n’a pas beaucoup de force mais arrive lui aussi à renverser la cavalerie. Quelques doblones en début de faena allongent la charge mais le font tomber. Le biterrois reprend à demi hauteur avec des derechazos un peu précipités, il sert également quelques naturelles templées. Castella conclut avec une entière un peu tendida et un descabello.
Le dernier toro de Castella est un peu mieux présenté, celui-ci profite de la charge suave de l’animal en servant des chicuelinas de gala. Le toro est brindé au public. La faena commence très bien par de jolies statuaires liées et templées. Malheureusement le toro manque là aussi un peu d’envergure. Le torero demande la musique et le président cède devant la vox populi. La faena va à menos et s’en suit un numéro qui tombe en eau de boudin. Le maestro frappant même son toro pour qu’il embiste. Une entière à côté mais très efficace fait tomber du palco une autre oreille généreuse.
Emilio de Justo compose la figure à la cape avec des véroniques de belle facture, menton dans le pecho. Après un picotazo le toro commence à fléchir un peu des antérieurs. Le torero brinde au public et entame par le haut pieds joints. Il enchaîne par de profonds derechazos au centre faisant résonner les « oles » du public et la jolie musique par la même occasion. Il exploite très bien la belle corne gauche de l’animal avec une trinchera pleine de pellizco. Il est un peu surpris en voulant allonger trop la charge à gauche mais se reprend rapidement. Deux pinchazos lui empêchent d’obtenir deux oreilles méritées.
L’extremeno accueille son second opposant par une larga de rodillas pleine de volonté et de fraicheur. Là encore il donne des véroniques de cartel. Après un picotazo, le toro ploie dangereusement des antérieurs au point d’être protesté par le public. Le président tient bon. Le maestro a l’intelligence de toréer ce toro de manière très douce et uniquement par le haut. Il a le mérite de lui servir une faena complète et de bon goût même si il se fait accrocher en essayant d’allonger la charge. Une entière d’effet efficace laisse curieusement le public landais de marbre.
Le toro qui clos l’après-midi est un magnifique colorado aux armures un peu mieux présentées que ses cousins. Le diestro donne tout ce qu’il a pour triompher avec encore une larga. Les passes de cape templées font résonner les « oles ». Brindis au public et doblones un genou à terre. Il cite de loin à droite et exploite bien les qualités de ce toro. Un petit bémol à signaler à gauche mais les passes sont profondes. Il essaye de chauffer le public à bon escient et de communier avec lui. La fin est donnée par manoletinas. Une très bonne épée lui octroie les deux oreilles tant attendues pour accompagner Castella dans sa sortie en triomphe.
Saint Sever, Dimanche 25 juin 2023
6 toros de Puerto de San Lorenzo (3/4) et la Ventana del Puerto (1/2/5/6) pour
Sébastien Castella : (prune et or) : une oreille après avis, une oreille après avis, oreille
Emilio de Justo (fuschia et azabache) : salut, salut et 2 oreilles
Sobresaliente : Jeremy Banti (vert et or)
Lleno de de no hay billetes
Temps gris
Juan Medina