Les arènes de Saint-Sever ont fait le plein total pour la deuxième année consécutive à l’occasion de la corrida de la Saint-Jean. La présence des deux figuras, Sébastien Castella et Daniel Luque, a permis de garnir l’arène Henri Capdeville dans un cartel complété par Fernando Adrian. Au menu de cet après-midi, les attendus toros de Santiago Domecq, éblouissants de caste lors de la dernière Féria de Sevilla.
Mais au-delà des paillettes et d’un cartel « idéal », la présentation inacceptable de six exemplaires de Santiago Domecq, tous aux cornes très abîmées et au trapio inférieur aux novilladas des voisins chalossais. Ni présentation ni caste ne se sont présentées au rendez-vous de cette corrida, tout comme la présidence technique, hors du coup tout au long de la corrida. Tercio de banderilles changé sans banderille sur le dos de l’animal, oreille accordée avec trop de générosité, intervention de la musique sans nécessité, bref, que faisons-nous du règlement taurin ?
Sur la piste, les toros de Santiago Domecq ont globalement déçu au-delà de l’esthétique. Manque de forces et de transmission ont donné le « ton » à une après-midi de toros décevante. Meilleurs lors du premier tercio, le 1er et le 6ème, tous avec un petit fond de noblesse qui a offert aux toreros quelques séries pour s’exprimer.
C’est finalement Fernando Adrian qui est sorti en triomphe après avoir coupé trois oreilles généreuses. Malgré l’incohérence présidentielle, l’Espagnol a montré de belles choses en cette après-midi saint-sévérine. Avec un toreo classique, efficace et dans les canons, Fernando Adrian a fructifié les opportunités qui se sont présentées à lui pour obtenir un triomphe devant les figuras.
Les figuras, elles, n’ont pas véritablement pu offrir le spectacle attendu. Tant Sébastien Castella que Daniel Luque ont dû composer avec des adversaires trop faibles dans l’ensemble. Castella récolte une petite oreille après avoir réalisé une faena professionnelle et adaptée à son adversité, tandis que Daniel Luque n’a pas pu concrétiser ses efforts pour dynamiser la tarde.
La tarde était attendue, mais les toros n’ont pas répondu…
Toro a toro
Le premier toro de Santiago Domecq sort avec les cornes très abîmées pour Sébastien Castella. Une seule pique légère avec un toro qui pousse modérément sous le fer. Castella compose une faena limpide devant un adversaire dénué de force et de transmission. La noblesse du toro permet à la faena de se faire, mais le tout manque d’alegría. Une entière basse au troisième essai.
Le second Santiago Domecq sort avec les cornes abîmées, provoquant les premières contestations des tendidos. Le premier impact avec la pique est fort, ce qui provoque la chute du picador. Daniel Luque place l’animal au centre de la piste pour ce qui sera la seule véritable pique. L’animal est juste de forces, il oblige Luque à toréer mi-hauteur. La musique s’invite et masque le manque de transmission du Santiago Domecq. Faena technique de détails tracée par Daniel Luque, conclue en trois temps.
Le troisième exemplaire est juste de présentation et de trapio. Mauvaise mise en suerte de Fernando Adrian pour une seule pique très légère. Le début de faena est spectaculaire avec Fernando Adrian qui attend le toro à genoux au centre du ruedo. Le toro est noble et se laisse toréer, permettant au Madrilène de réaliser une faena de bon niveau. Sur les deux bords, Adrian réalise des séries abouties où il domine son adversaire. Deux oreilles après une épée un peu basse.
Le quatrième Santiago Domecq est juste de présentation et de gabarit modeste. Il prend une pique malgré trois rencontres équestres. Le picador ne se défend pas sur les deux premières et pique mal sur ses deux tentatives. Sébastien Castella débute sa faena au centre de la piste avec des passes changées dans le dos. Le Français montre son envie de triompher, mais le manque de forces de l’animal contraint ses plans. Malgré tout, Castella s’accroche à des demi-charges qui se transforment en protestations sur la fin de faena. Effort notable avant une entière trasera suffisante. Une oreille.
Le cinquième est juste de présentation et de gabarit. Il prend une légère pique et Daniel Luque entame la faena sans aucune banderille sur le dos de l’animal. Après la série initiale, la présidence continue sa drôle de performance en ajoutant la musique pour masquer le manque de fond de l’ensemble du lot. Daniel Luque fait (heureusement) arrêter la musique et s’emploie à tirer le maximum de son adversaire, dénué de force. Effort notable du torero qui conclut d’une entière foudroyante au second essai.
Le dernier est un peu plus charpenté mais aux armures abîmées. Il s’emploie avec race sur deux rencontres équestres où il pousse dans les reins du cheval. Bonne prestation du toro et ovation pour le piquero qui s’est accroché pour contenir l’animal. La faena de Fernando Adrian est perturbée par le manque de fond de son adversaire et par la nouvelle intervention de la musique. Excellente tout au long de la tarde, la musique masque le manque de force et de transmission d’un animal qui peine à répondre à l’Espagnol. Fernando Adrian tue d’une entière tombée efficace et la présidence libère une nouvelle oreille trop généreuse pour mettre un terme à la tarde.
Saint Sever, Dimanche 23 juin 2024
6 toros de Santiago Domecq pour
Sébastien Castella : silence et une oreille
Daniel Luque : silence et salut
Fernando Adrian : 2 oreilles et une oreille
Jean Dos Santos