Des arènes pleines sous un joli soleil printanier, c’est, pour l’affluence en tout cas, le résultat du très bon travail de l’Unica de Saint-Martin-de-Crau. Les organisateurs cavens sont parvenus à mettre sur pied une très bonne journée taurine, qui s’est soldée par un beau lleno pour assister à la corrida de José Escolar Gil. Une corrida variée, mais globalement difficile pour les hommes en piste, qui a vu le triomphe d’Alberto Lamelas pour son seul contrat signé en 2025. Le matador de toros de Jaén était passé près du succès face au toro d’ouverture, mais c’est finalement après une vibrante prestation qu’il obtint les deux oreilles de son second, s’offrant ainsi une bouffée d’oxygène ainsi que la grande porte des arènes Louis Thiers.
Le lot de José Escolar Gil, bien présenté, a offert une course sérieuse, exigeante et parfois inégale, avec des toros armés et souvent menaçants. Le tercio de piques, bien que correctement mis en suerte dans l’ensemble, a été peu concluant, la majorité des toros s’y employant peu. Intoréable les troisième et sixième exemplaires qui ont laissé Cristobal Reyes sans solutions. Alberto Lamelas a profité d’un premier mobile et d’un quatrième exigeant mais avec des possibilités. Maxime Solera a eu un lot intéressant avec à deux reprises des cornes gauches de bon calibre.
Maxime Solera aurait pu accompagner Lamelas par la grande porte si l’épée ne lui avait pas fait défaut. Le matador de toros a sûrement signé l’une de ses meilleures après-midi de sa jeune carrière, toréant avec temple les exigeants toros de José Escolar Gil. Une actuación qui en dit long sur la motivation du torero focéen, qui a des choses à dire.
Cristóbal Reyes n’a malheureusement pas eu l’opportunité de se joindre à la fête, la faute à un lot dénué de qualité. Intoréables, ses deux adversaires ont empêché le torero de Jerez de la Frontera de faire découvrir son toreo. Courageux pour faire face à la sauvagerie incontrôlable de ses deux adversaires, cette tarde est à oublier…
Toro a Toro
Le premier José Escolar Gil est bien fait, sérieux et dans le type. Bonne réception de Alberto Lamelas, qui réalise de belles véroniques. Le toro est sérieux. Le tercio de piques l’est aussi, mais le toro pousse peu sur deux rencontres bien mises en suerte. Alberto Lamelas réalise une très bonne faena où il parvient à contenir, avec torería, les charges lourdes de l’animal. Gueule fermée, le toro est noble mais reste menaçant. À gauche, le toro s’engage moins, obligeant Lamelas à faire l’effort. Malheureusement, l’épée gâche la fête avec une entière un peu devant, trop longue d’effet.

Maxime Solera reçoit parfaitement le second José Escolar Gil par véroniques données genou fléchi. Le Français rate sa première mise en suerte, mais se reprend pour une seconde pique qui n’est pas plus concluante que la précédente : le toro ne s’y emploie pas et manque de forces. Après un tercio de banderilles difficile, où un peón passe près de la correctionnelle, Maxime Solera a la lourde tâche d’entamer sa faena. Le toro est sur la réserve et charge à mi-hauteur. Au fil des muletazos, le Français parvient à tirer le meilleur du toro. Ce sont de jolies naturelles qui font monter l’intensité d’un cran. Son estocade, en place et efficace, libère l’oreille !
Cristóbal Reyes hérite d’un Escolar Gil qui lui reste dans les chevilles à la réception à la cape. Le torero andalou tente de réaliser une bonne mise en suerte, mais l’animal est difficile à fixer et s’en va seul au cheval. Deux piques mal exécutées par le picador, avec un toro qui pousse légèrement. Le tiers de banderilles est chaotique, avec un animal qui ne se laisse pas faire. La faena reste dans la continuité, avec un toro intoréable, qui se défend constamment et charge à mi-hauteur. Malgré sa bonne volonté, aucune option pour Cristóbal Reyes de briller. Toujours sur la défensive, l’animal est difficile à estoquer, obligeant Cristóbal Reyes à utiliser le descabello à de nombreuses reprises. Deux avis.
Alberto Lamelas reçoit le toro dès son entrée en piste par de vibrantes véroniques. La première mise en suerte est ratée malgré l’application du maestro, qui réussira brillamment les deux suivantes. Trois piques où le toro s’emploie peu, et qui sont mal données. La faena s’annonce rude avec un toro qui est sur la réserve. Lamelas bataille et fait l’effort pour tirer le meilleur. En se croisant et en obligeant l’animal, il parvient finalement à tracer plusieurs séries vibrantes qui donnent du cachet à la faena. Les séries sont limpides et engagées avec un Alberto Lamelas qui réussit son défi avec expérience et toreria. Il tue d’une entière qui fait effet et le palco libère deux oreilles de grande importance pour le torero.

Maxime Solera hérite d’une peinture de José Escolar, qui s’emploie dans le capote. Belle réception avant une mise en suerte optimale. Trois rencontres où le toro s’implique modérément, notamment la seconde. Maxime Solera réalise une faena intéressante, notamment à gauche où il réussit à tracer les plus belles naturelles de la tarde. Malheureusement, le toro n’a qu’un nombre limité de muletazos, obligeant le Focéen à condenser ses efforts. Il tue d’une entière au second essai, trop verticale, qui lui fait perdre l’oreille.
Cristóbal Reyes n’a pas de chance. Il tombe sur un nouvel exemplaire inexploitable dès son entrée en piste. Le toro charge l’homme uniquement et sème la panique dans le ruedo. Quatre piques fortes avec un toro qui s’emploie moins à chaque fois. La faena est impossible. L’animal ne charge que les hommes et nom les capes ou muleta de Cristobal. Le jeune espagnol fait front et tente de s’en sortir. Il parvient à estoquer l’animal et conclut une tarde où il n’aura finalement eu aucune opportunité de montrer ne serait-ce qu’une infime partie de son toreo. Il y a des tardes comme ça…
Saint-Martin-de-Crau – Samedi 5 avril 2025
6 toros de José Escolar Gil pour :
Alberto Lamelas : vuelta après avis et deux oreilles
Maxime Solera : une oreille et vuelta après avis
Cristóbal Reyes : silence après deux avis et silence
Jean Dos Santos