C’est devant une belle assistance que s’est déroulée la première corrida de la Féria de la Pêche et de l’Abricot 2024 dans les arènes de Saint-Gilles. Après de nombreuses sorties remarquées en novillada piquée, puis en corrida avec des toros isolés, la ganaderia Blohorn s’est vu offrir une chance de présenter un lot complet par une empresa ToroPassion plutôt inspirée ! Si Christian Parejo et Solalito sont sortis par la grande porte, ce sont les toros marqués du fer de Blohorn les véritables triomphateurs de cet après-midi !
Les six toros de Blohorn, de très beaux gabarits, avec des armures adaptées à la catégorie de l’arène, sont sortis avec une régularité remarquable en cette lourde après-midi provençale. Tous les toros ont offert un bon jeu, notamment les trois derniers, qui ont montré plus de transmission que les premiers. En revanche, le tercio de piques a été en deçà des attentes, même si le dernier toro a offert un premier duel vibrant. Ensuite, c’est la noblesse piquante des six exemplaires qui a pris le dessus, mettant les jeunes matadors au défi.
Les oreilles ont été distribuées de manière inégale, en raison d’une présidence qui s’est mise dans l’embarras en accordant une première oreille sur la base d’une pétition trop minoritaire. S’en sont suivis des excès qui ne reflètent malheureusement pas la qualité de ce que nous avons pu voir en piste. À noter, comme c’est trop souvent le cas ces derniers temps, six épées trop basses pour mettre un terme au combat.
El Rafi, qui ouvrait le cartel, aurait mérité une autre sortie au vu de sa prestation du jour. Très précis et dans un sitio exposé et sincère, le Nîmois a livré une après-midi de qualité face à un lot noble mais manquant d’une pointe de transmission. C’est l’épée qui l’a privé d’une sortie a hombros, surtout après une prestation de bon niveau face au quatrième toro, noble mais manquant d’un peu de force. El Rafi a tout de même marqué les esprits par sa capacité à exploiter cette noblesse piquante de la maison Blohorn.
Christian Parejo a tiré le gros lot ce samedi. Ses deux toros, à la fois exigeants et intéressants, lui ont posé de nombreux problèmes. Vaillant et tentant de tenir bon, l’Espagnol a logiquement manqué d’un peu d’expérience pour obtenir un succès total. C’est face à son premier toro, au comportement fluide sur la corne droite, qu’il a dessiné les meilleurs moments de sa corrida. Il s’est ensuite accroché face aux difficultés rencontrées. Une après-midi d’apprentissage !
Solalito continue de surprendre, malgré des toros très exigeants. Encore vert, le Nîmois a montré son meilleur visage en cette après-midi à Saint-Gilles. Valeureux et entreprenant, sa prestation fut réussie malgré plusieurs détails encore à régler, notamment lors de la mise en suerte de l’intéressant dernier toro, que l’on aurait aimé voir pour une seconde rencontre dans les règles de l’art. Mais tant aux banderilles, posées avec beaucoup d’engagement, que dans le dernier tiers où il dut s’accrocher, Solalito a montré sa capacité à élever son niveau lorsque les toros le demandaient. Ce fut notamment le cas face à l’excellent mais exigeant sixième toro, qui a poussé Solal dans ses retranchements. Malgré des séries accrochées, la faena du Français a permis de révéler les qualités du toro. Ce second combat lui a permis de sortir par la grande porte aux côtés de Christian Parejo.
En bref, il faudrait davantage de corridas de cette qualité, notamment au niveau du bétail, qui a montré une excellente régularité et un haut niveau.
Toro a Toro
Le premier Blohorn, de bon gabarit et correct d’armures, prend deux piques mal exécutées en poussant légèrement au cheval. El Rafi débute sa faena par de belles séries sur la corne droite. Le toro est réservé et se défend sur certaines charges. C’est sur des naturelles que le Français laisse les meilleurs moments, avant que le toro ne baisse d’intensité. Il tue d’une épée basse efficace. Une très petite oreille pour débuter la tarde.
Le second Blohorn, correct de présentation, prend deux piques, la seconde légère. Christian Parejo réalise une lidia timide, restant observateur. L’Espagnol signe néanmoins une bonne faena devant un animal exigeant, qui se laisse davantage toréer à droite. Parejo tire deux séries de qualité supérieure avant de s’attaquer à une corne gauche plus exigeante. Les séries sont plus accrochées, mais le torero parvient à s’imposer. Une épée basse conclut l’affaire.
Solalito hérite du troisième toro, toujours de bon gabarit. Deux piques légères et mal exécutées. Le Français réalise un tercio de banderilles engagé, salué par les tendidos. La faena met du temps à se construire face à un toro réservé, qui se livre peu. Solalito parvient à faire rompre le toro pour une faena qui va globalement a mas. Malheureusement, plusieurs échecs aux aciers l’ont empêché de couper un trophée.
Le quatrième est un burraco de bon gabarit. Malheureusement, l’animal se blesse légèrement à l’avant-train, ce qui le handicape. Deux piques légères et moyennement exécutées. El Rafi fait l’effort de mener une belle lidia avec un toreo de cape varié. Dans le dernier tiers, l’animal est noble, il charge avec du fond, mais son manque de force l’empêche de donner plus de transmission. El Rafi réalise de très bons passages où il parvient à toréer avec profondeur et bon sitio. Malheureusement, l’épée le trahit et lui ferme la grande porte.
Christian Parejo hérite d’un second toro bien fait, qui prend deux légères piques. L’animal se révèle être un sérieux collaborateur dans le dernier tiers, avec beaucoup de race et des charges lourdes. Christian Parejo commence bien sa faena, mais se fait vite rattraper par les difficultés imposées par le Blohorn. L’Espagnol peine à trouver le bon sitio et réalise des séries inégales. Après une épée basse, il coupe une oreille, tandis que le toro est primé d’une vuelta posthume sans fondement.
Le dernier est un magnifique exemplaire de Blohorn. Solalito réalise une réception correcte avant une grande rencontre équestre, où le toro pousse avec race sous le fer. Malheureusement, le toro n’est pas remis en suerte comme il faut, et la seconde rencontre ne donne pas davantage de certitude sur la bravoure de l’animal. Très bon tercio de banderilles de Solalito, engagé et entre les cornes. Le toro de Blohorn met Solalito à l’épreuve tout au long de la faena. Avec ses armes et son peu d’expérience, Solal fait face à un animal très exigeant. Le tout est accroché, mais l’abnégation du torero lui permet de rester à la hauteur de l’animal. Après une épée basse, la présidence libère deux oreilles logiques au vu de la physionomie de la tarde.
Saint Gilles, Samedi 24 août 2024
6 toros de Blohorn pour
El Rafi : une oreille et salut
Christian Parejo : 2 oreilles et une oreille
Solalito : salut après avis et 2 oreilles
Jean Dos Santos