La Peña Vivement 5 heures de Plaisance du Gers organise comme chaque année sa novillada sans picadors à l’occasion du 14 juillet. Pour l’édition 2023, les organisateurs ont retenu un lot de Roland Durand qui a vu triompher le novillero portugais Tomas Bastos et espagnol Samuel Navalon devant une demi-arène.
Le bétail de Roland Durand s’est révélé inégal, avec deux exemplaires sortant du lot (4/6) nobles malgré un léger manque de race. Le reste du lot a lui aussi manqué de race, chargeant sur la défensive et la tête à mi-hauteur, notamment sur le piton gauche où tous, ont été difficile à manier. Les novillos ont en revanche montré de la mobilité et du jeu malgré ces défauts, permettant aux apprentis présents de s’exprimer sans trop de difficulté.
Tomas Bastos, novillero portugais de l’école taurine de Badajoz, torée dans un concept plutôt classique. Torero un peu froid et un peu vert, il s’est démarqué dans les trois tercios en montrant détermination et application. C’est face au dernier eral de la tarde que Tomas Bastos s’est illustré particulièrement avec un toreo très précis à droite, volontaire et adapté à gauche, pour signer les meilleurs moments de la tarde. Il s’offre les deux oreilles de son adversaire pour sortir en triomphe.
Samuel Navalon peut remercier une présidence acquise à sa cause. Jeter des oreilles suite à une pétition de dix personnes n’est bénéfique pour personne, que ce soit le torero, les aficionados ou les organisateurs. C’est exactement ce à quoi nous avons assisté avec une oreille venue de nulle part sur l’eral d’ouverture. Navalon est un torero avec de l’envie mais assez brouillon dans l’ensemble. Sa première lidia a été accrochée et en dessous des possibilités de l’animal. Mais voilà, avec une oreille en poche, sa seconde prestation, un ton au dessus de la première, lui a permis à nouveau de récolter un trophée un peu moins discutable (quoi que), et sortir à hombros. Ce fut en tout cas le novillero le moins brillant en piste, malgré une réelle envie de mener à bien les choses.
Aaron Palacio aurait pu obtenir un triomphe majeur en cette après-midi du 14 juillet. Le novillero de Zaragoza est celui qui a le plus convaincu les présents sur le sable de Plaisance du Gers. Son toreo précis et parfaitement en adéquation avec les problèmes se présentant à lui, lui a permis de donner deux faenas complètes et plaisantes. Son lot du jour ne lui a pas facilité les choses. Palacio a hérité de deux adversaires brusques et sur la défensive, mais le novillero espagnol a parfaitement réussi à composer. L’épée, exercice laborieux pour lui, l’a empêché d’obtenir à chaque reprise un trophée bien mérité. Dommage pour l’espagnol qu’on reverra dans l’été !
Toro a Toro
Le premier Roland Durand est sur la défensive et s’implique peu dans la cape de Samuel Navalón. La faena est accrochée avec un novillero qui a du mal à composer avec les charges violentes de l’eral. Sur le piton gauche, Samuel Navalon tire quelques naturelles sur le passages mais se fait désarmer. Estocade engagée mais assez basse qui tarde à faire effet. 1 oreille suite à une dizaine de mouchoirs agités. Pourquoi faire ?
Le second Roland Durand est bien accueilli par Aaron Palacio qui donne plusieurs véroniques un genou à terre. L’eral met la tête mais charge de manière irrégulière. L’espagnol réalise une bonne entame sur le piton droit où il prend la mesure de son adversaire. À gauche, l’eral tourne court, obligeant Palacio à reculer. Le novillero n’abdique pas et se croise pour obliger davantage l’eral. Les séries sont moins liées mais plus justes. Sur la fin, la faena va a mas avec un toreo plus varié. Malheureusement, il échoue à de nombreuses reprises épée en main et perd le crédit de son travail sérieux. 1 seul avis généreux.
Tomas Bastos est brouillon à la cape lors de la réception du troisième. Le novillero portugais banderille correctement son adversaire. Muleta en main, Bastos montre de bonnes choses malgré un manque d’expérience visible. Il fait l’effort sur les deux pitons mais la faena est brouillonne et accrochée. En difficulté aux aciers, il écoute un avis avant d’en finir au descabello.
Samuel Navalon revient en piste face au quatrième Roland Durand. L’animal est noble et mobile. L’accueil au capote est accroché tout comme la faena. Navalon réalise une prestation inégale mais réussit à être plus précis sur la fin. Il porte un coup d’épée efficace au deuxième essai et obtient une nouvelle oreille généreuse.
Aaron Palacio reçoit à genoux près des planches son adversaire par deux farols. Bastos se fait secouer par l’eral sur le quite. L’eral est menaçant et peu franc. L’espagnol réussit à le contenir muleta en main. Il oblige le toro avec un poignet ferme, lui permettant de tirer plusieurs séries droitières notables. À gauche, l’eral est sur la défensive et ne rompt pas. Palacio fait l’effort au prix de plusieurs accrochages sans conséquence. La faena dure un peu trop avant qu’il ne change d’épée. Comme lors du précédent, Aaron Palacio perd le crédit de son bon travail aux aciers..
Tomas Bastos réalise une bonne entame à la cape avant d’exécuter un très bon tercio de banderilles. Dès l’entame de la faena, Tomas Bastos pèse sur l’eral. Il sert à droite plusieurs bonnes séries où il porte sur les tendidos. Il torée croisé et sans reculer en profitant de la noblesse de l’animal. À gauche, l’eral est difficile et sur la défensive. Bastos s’engage au prix de plusieurs volteras, mais reste en piste. Il finit bien en exploitant le maximum des possibilités de l’animal. Il tue d’un 3/4 de lame suffisant et décroche deux oreilles et un billet pour sortir a hombros.
Plaisance du Gers, Vendredi 14 juillet 2023
6 erales de Roland Durand pour
Samuel Navalón : une oreille et une oreille après avis
Aaron Palacio : salut après avis et vuelta après avis
Tomas Bastos : applaudissements après avis et 2 oreilles
Jean Dos Santos