Le marathon taurin de Pâques 2025 s’est terminé ce lundi après-midi dans les arènes de Condrette, à Mugron. Devant des gradins remplis aux deux tiers, les novillos de Baltasar Ibán faisaient leur retour pour la troisième année consécutive. À la fin, c’est Julio Mendez, faisant ses débuts en piquée, qui est sorti a hombros !
Six novillos de Baltasar Ibán, commodes de trapío pour quatre, supérieurs les 4ᵉ et 5ᵉ, aux armures différentes les uns des autres. Le lot a globalement donné satisfaction, avec de la mobilité et de la présence en piste, même si l’on pouvait en attendre davantage des tercios de piques. Seul le quatrième, primé d’une vuelta posthume, s’est véritablement employé, tandis que le troisième et le sixième ont été extrêmement peu châtiés. Dans le dernier tiers, les novillos ont posé problème aux toreros par leur exigence et la complicité de certains. Le tout a offert de l’intérêt de bout en bout, servant aux aficionados une tarde de toros satisfaisante.

Julio Mendez faisait ses débuts dans la catégorie. C’est également lui qui a le plus brillé, malgré une expérience moindre que ses compagnons de cartel. Certes doté du meilleur lot, Julio Mendez dut tout de même s’employer pour profiter de ses exigeants adversaires, qui passèrent près du rappel à l’ordre à plusieurs reprises. Le novillero espagnol a confirmé tout le potentiel qu’on lui avait découvert en sans picadors. La surprise fut belle de le voir évoluer à un tel niveau pour sa première. Deux oreilles en poche et une sortie en triomphe…

Emiliano Osornio, novillero mexicain, a laissé un sentiment d’inachevé en ce lundi pascal. Son manque d’expérience s’est nettement fait sentir, notamment devant le novillo inaugural, mais l’on a senti une réelle envie et alegría. Le concept du Mexicain n’est pas commun, et ce détail pousse ma curiosité à vouloir le revoir. Pourtant, avec un meilleur bagage technique, une place pour la sortie a hombros l’attendait aux côtés de Julio Mendez. Une tarde pour apprendre.
El Mene était certainement le novillero le plus aguerri et attendu cet après-midi. Il n’en fut finalement que peine et déception, touchant malheureusement le lot le moins propice au succès. Un peu en retrait lors de son premier combat, on le vit déterminé et sérieux face à son second, qui ne lui facilita pas davantage la tâche. Dommage pour l’Espagnol, qui aura d’autres occasions de montrer sa valeur cette saison.

Novillo a novillo
Emiliano Osornio ouvre la tarde avec un joli novillo de Baltasar Ibán. L’animal prend deux piques en poussant modérément sous le fer. La faena du Mexicain est globalement en dessous du novillo, mobile et exigeant. Le Baltasar Ibán domine les débats, désarme plusieurs fois le Mexicain. Emiliano Osornio sert plusieurs séries inégales sans parvenir à régler les charges saccadées de l’animal. Il tue d’une entière longue d’effet au second essai.
El Mene réalise une belle réception à la cape face au second Baltasar Ibán. Le novillo prend deux piques, poussant surtout sur la première rencontre. Quite par chicuelinas de Julio Mendez, avec un novillo qui chute deux fois. Il semble s’être lésé le train arrière. Cela se confirme en début de faena. Malgré une bonne première série, El Mene est contraint par les conditions physiques de l’animal. En économisant le novillo, il parvient à tirer quelques séries avant une entière foudroyante.
Le troisième Baltasar Ibán est plus léger de gabarit. Julio Mendez réalise de très bonnes véroniques de réception avant un tercio de piques discret, où le novillo est très peu piqué. Julio Mendez réalise une bonne faena. Il réussit à composer avec les charges parfois irrégulières de l’animal. Peu à peu, il domine totalement le novillo pour sortir des séries agréables. Malheureusement, il tue d’une vilaine épée de côté, qui ternit l’oreille accordée par la présidence.

Emiliano Osornio soigne la réception du quatrième, de trapío supérieur. Le tercio de piques est intéressant, avec un novillo qui pousse avec bravoure sur deux rencontres. Lors du dernier tiers, le novillo montre une réelle bravoure qui met à nouveau à l’épreuve Emiliano Osornio. Le Mexicain réalise une faena assez inégale, entre passages brouillons et précis dans une même série. Il s’accroche et montre un bon visage malgré les difficultés. Les charges encastées du novillo permettent de prolonger le plaisir. Osornio tue d’une entière un peu basse, très engagée, et décroche une oreille. Vuelta méritée au novillo.
Le cinquième est de bon trapío, bien présenté. El Mene mène une bonne lidia pour deux piques appuyées, où le toro pousse peu. Le novillo est sur la réserve et se défend. El Mene réalise une faena sérieuse, où il s’emploie pour canaliser le novillo. Il n’abdique pas et finit par trouver des solutions pour tirer quelques passages méritoires. Il tue d’un trois-quarts de lame bas, prudent, qui fait effet. Efforts non reconnus par les tendidos (il commence à faire froid).
Le dernier Baltasar Ibán est d’un trapío modeste. Julio Mendez montre de belles qualités dans la lidia, impliqué et volontaire. Une seule pique légère et deux paires de banderilles pour économiser le novillo. Dans le dernier tiers, Julio Mendez est de nouveau au rendez-vous. Malgré un novillo qui manque un peu de qualité, l’Espagnol parvient à s’employer, notamment sur le pitón droit. Il prend des risques, et cela porte sur les tendidos. L’épée finale est bonne, mais un peu basse, ce qui lui permet d’obtenir une oreille supplémentaire. Sortie a hombros méritée pour le moins expérimenté… sur le papier.
Mugron, Lundi 21 avril 2025
6 novillos de Baltasar Iban pour
Emiliano Osornio : silence et une oreille
El Mene : salut au tiers et silence
Julio Mendez : une oreille et une oreille
Jean Dos Santos