La nouvelle m’a personnellement surprise. Ce Vendredi, les arènes du Palio à Istres, ont annoncé les débuts en piquée du jeune Marco Pérez, dont Juan Bautista a pris en charge la carrière.
Marco Pérez est un jeune torero né en 2007 à Salamanca. Il a 15 ans et fêtera son 16ème anniversaire au début du mois d’Octobre. Il faut savoir que la législation européenne ne permet pas à un jeune de toréer et mettre à mort un animal en costume de lumière (novillada formelle) avant 16 ans. A peine âgé de 15 ans, le torero espagnol a beaucoup toréé au campo. Ses débuts en habit de lumières, Marco Pérez devait les effectuer à Manizales début janvier. Malheureusement, le gouvernement en a décidé autrement. Dans un contexte où la tauromachie est controversée en Colombie, les choses ne se sont pas faites, repoussant l’événement à une date ultérieure.
Mais voilà, le jeune espagnol n’a toujours pas débuté en novillada sans picadors qu’on annonce déjà ses débuts en piquée ! L’engouement naît mais le gamin n’a que 15 ans. Alors est-ce de la folie ou Marco Pérez est vraiment capable débuter en piquée à l’année en fin de saison ? Débuts en piquée doit signifier (et signifie par définition) qu’il postule pour les grandes férias de novilladas dans les deux années à venir. Dans les grandes novilladas, on y retrouve des novillos sérieux qui demandent une technique mature. Il serait utopique que son apoderado Juan Bautista le mette au cartel de novilladas de Cebada Gago, Monteviejo ou Dolores Aguirre, nous sommes bien d’accord. La trajectoire du novillero est tracée sur mesure, mais il faut également imaginer une alternative relativement proche où les opportunités pourraient devenir moins nombreuses.
Pourquoi on peut rester dubitatif devant cette situation prématurée ?
De nombreux toreros se sont brûlés les ailes en voulant aller trop vite. Le meilleur exemple reste celui du franco-mexicain Michelito, annoncé comme un prodige quasiment au même âge. Le fils de Michel Lagravère avait sillonné un grand nombre de plazas avant de disparaître de la circulation après quelques corridas non convaincantes en Europe. Dans un degré moindre, Manuel Perera (managé à l’époque par Juan José Padilla) a passé une saison en novillada sans picadors, une saison en novillada piquée avant une alternative à la Maestranza de Sevilla. Le bilan n’est pas bon puisqu’il a toréé seulement deux corridas l’an dernier et n’entre pour l’instant pas dans les premiers cartels de la temporada.
Être matador de toros n’est pas la vie d’un long fleuve tranquille et passer chaque étape à vitesse grand v n’est pas forcément la bonne solution pour acquérir la technique et l’expérience pour voir venir les moments durs d’une carrière. Et n’oublions pas, Marco Pérez n’a que 15 ans !
Pourquoi peut-on croire à la belle histoire ?
Marco Pérez n’a que 15 ans mais il a toréé un grand nombre de spectacles. En Espagne, il a été au cartel de plusieurs corridas où les organisateurs lui avaient gardé un becerro en fin de spectacle. Au campo, il a déjà toréé plus que certains matadors d’alternative, lui permettant d’acquérir dans l’ombre, beaucoup d’expérience. L’avantage du campo, c’est qu’il n’y a personne pour juger les différentes sorties du novillero, qui peut se construire tranquillement et évoluer à son rythme.
L’autre élément est sa trajectoire liée à Juan Bautista. Cela fait trois ans que l’ex matador de toros français accompagne le jeune prodige espagnol. Une évolution suivie de près qui met Marco Pérez dans les meilleures conditions pour progresser. Le meilleur exemple que l’on peut donner est celui du Juli qui a commencé très jeune, étant sacré matador de toros à l’âge de 15 ans et 11 mois !
L’avenir nous dira si la bonne solution était celle-là, en attendant, il faudra se rendre en Octobre à Istres si l’on veut voir toréer le prodige de la tauromachie mondiale.