Lettre aux aficionados
Depuis que les cartels de Bayonne ont été publiés, je ne cesse de recevoir des messages d’amis, de professionnels et d’aficionados qui ne comprennent pas mon absence. Bayonne est une de mes arènes fétiches, où j’ai signé dans les dernières années certains des triomphes les plus importants de ma carrière.
On me dit aussi que court la rumeur selon laquelle mes prétentions artistiques et économiques étaient excessives, après mes trois grandes portes consécutives au cours des trois dernières saisons. Je me sens donc obligé de préciser publiquement qu’à aucun moment la direction des arènes de Bayonne n’a pris contact avec moi pour évoquer un quelconque engagement. Pas une seule conversation ou contact avec mon apoderado, effaçant ainsi un triomphe de trois oreilles lors de la dernière féria avec Andres Roca Rey, ou les quatre sorties en triomphe sur les cinq corridas que j’ai eu à toréer à Bayonne.
La tauromachie est basée sur des règles non écrites morales et éthiques. Et on dit souvent que c’est en France que cette belle idée est la mieux défendue. Au-delà des intérêts particuliers, je crains, au regard de l’avenir, que ces situations, aussi courantes qu’injustes dans le monde de la tauromachie, deviennent de plus en plus fréquentes dans mon pays, qui était il y a peu un exemple de légitimité et d’indépendance pour tous.
On ne peut que constater hélas que Bayonne n’est pas la seule arène française où la mémoire perd ses plus élémentaires valeurs. Beaucoup d’aficionados, je le sais, partagent cette inquiétude. Je veux remercier ici tous ceux qui, ces dernières heures, m’ont manifesté leur soutien et leur amitié, et j’espère les retrouver au plus vite dans une arène.
Juan Leal