Garlin : Julio Norte triomphe, la nouveauté Maria Domecq Nuñez déçoit

La XXIIIe novillada de Printemps de Garlin s’est déroulée sous un temps printanier, couvert et humide, même si la pluie a épargné la cité béarnaise. Les organisateurs avaient pris un pari audacieux en programmant la ganadería de María Domecq Núñez, d’encaste Domecq, totalement inédite. Une programmation courageuse, qui a attiré une belle entrée pour ce Dimanche des Rameaux.

Le premier novillo de Maria Domecq Nuñez. Le meilleur et le mieux présenté

Finalement, le lot de María Domecq Núñez n’a pas réellement convaincu, tant en termes de présentation que de comportement. Armés diversement, les novillos affichaient souvent des cornes renfermées, avec les pointes des pitons légèrement abîmées. Dans le ruedo, seul le premier a véritablement donné du jeu, tant à la pique que dans le dernier tiers. Il a été primé d’une vuelta posthume pas forcément nécessaire, mais qui récompensait un vibrant tercio de piques. Le reste du lot a manqué de fond, notamment de mobilité. Seuls le troisième et le sixième ont présenté un certain intérêt ; les autres ont surtout péché par manque de force et une attitude défensive.

Julio Norte s’est adjugé le triomphe du jour, s’imposant comme le novillero le plus régulier dans tous les tiers. Bien aidé par une présidence peu exigeante, les trois oreilles obtenues paraissent surpayées, mais sa prestation fut solide. Impliqué dans la lidia, variant son toreo de cape, Julio Norte a montré de la variété et de l’envie malgré quelques accrocs, pour ce qui était ses débuts en novillada piquée. Ses deux faenas furent à la hauteur de ses adversaires, accrocheurs et pas toujours évidents à manier. Une sortie intéressante, qui permet de mesurer les progrès réalisés durant l’hiver.

Julio Norte a montré des qualités pour sa première novillada piquée

Aaron Palacio était attendu après son triomphe de l’an dernier et ses dernières prestations. Il sera, en 2025, l’un des principaux novilleros à l’affiche. Il a tenu son rang, notamment face au premier novillo, fort et intéressant. La déception est toutefois venue de la lidia, où le novillero s’est montré absent. Dans le dernier tiers, sa capacité à s’entendre avec les charges irrégulières de ce premier novillo lui a néanmoins permis de décrocher une oreille méritée. Une faena maîtrisée et élégante, conclue par une seconde épée engagée, justifie l’octroi de ce trophée. Son second novillo a peu servi, mais là encore, Aaron Palacio a su tirer le maximum de l’opposant, grâce à un sens juste de la lidia.

Martín Morilla, qualifié de la matinée, est passé complètement inaperçu durant l’après-midi. Peu de choses à retenir à la cape, pas même un quite, et un contenu très maigre lors de ses deux faenas, qu’il convient toutefois de nuancer en raison de deux novillos sans mobilité ni race. Il bénéficie du soutien de plusieurs professionnels, dont Juan José Padilla, et on le reverra très prochainement à Arles, ainsi qu’à Mont-de-Marsan. L’occasion de le juger face à une adversité de meilleure qualité.

Laurent Langlois a reçu un prix et une forte ovation pour sa dernière

Toro a toro

1er novillo : Bien présenté. Il fonce directement sur la cavalerie et renverse lourdement le cheval. Le picador se retrouve sous la monture ; le drame est proche, mais la force collective de la cuadrilla permet de sauver la situation. Le picador remonte en selle pour une seconde rencontre vibrante, où le novillo pousse avec bravoure, frôlant un nouveau renversement. Les deux mises en suerte de Palacio sont malheureusement ratées. La faena d’Aaron Palacio est bien menée ; le novillero parvient à canaliser la charge parfois saccadée du novillo, pourtant noble. Il réalise de bonnes séries des deux côtés avec torería et maîtrise. Il tue d’un bajonazo rapidement enlevé, suivi d’une belle entière engagée où il est pris. Une oreille méritée. Vuelta posthume pour le novillo, pas nécessaire.

Aaron Palacio a déjà du métier et de la maîtrise

2e novillo : Moins armé, avec des pointes abîmées. Faible, il prend deux piques très légères. La faena de Martín Morilla est sans intérêt, faute d’un adversaire qui ne charge pas. Il tente quelques séries avant une entière longue d’effet.

3e novillo : Cornes rentrées. Il reçoit une pique symbolique après une belle réception à la cape de Julio Norte, qui enchaîne par un bon quite par chicuelinas. Début de faena spectaculaire, avec des passes dans le dos limpides. Julio enchaîne de bons muletazos, mais le novillo baisse rapidement d’intensité. Le novillero reste proche de l’animal, torée avec précision malgré un accrochage. Entière longue d’effet et descabello. Deux oreilles injustifiables, octroyées par une présidence facilement influencée par le « fan club ». Bronca au palco à l’issue de la vuelta du torero ovationné (il n’y est pour rien).

4e novillo : Aaron Palacio tente deux largas de rodillas, mais le novillo s’arrête. Moment de tension, bien géré par le calme du torero. Tercio de piques sans histoire, avec des mises en suerte encore ratées. Faena propre et limpide, profitant des rares qualités de son adversaire. Entière un peu basse, concluante au deuxième essai.

5e novillo : Nouvelle lidia discrète de Martín Morilla. Deux piques bien administrées par Laurent Langlois pour sa dernière. Faena en difficulté, le novillero ne parvient pas à canaliser la mobilité saccadée de son opposant. Accroché sur chaque voyage, sur le recul, il ne trouve pas la clé. Entière efficace au second essai.

Martin Morilla, pas aidé par ses adversaires du jour

6e novillo : Massif, cornes rentrées. Il pousse fort sur la première pique mais sort seul de la seconde. Bon travail de mise en suerte de Julio Norte. Salut mérité du banderillero Rubén Blasco. La faena de Julio débute par des passes statuaires, suivies de séries inégales mais pleines de volonté. À deux reprises, il est secoué, mais revient vaillamment au combat. Entière en place mais un peu verticale, longue à faire effet, suffisante pour une oreille.

6 novillos de María Domecq Núñez pour
Aaron Palacio : une oreille et applaudissements
Martín Morilla : silence et silence
Julio Norte (début en piquée) : deux oreilles et une oreille

Jean Dos Santos