Retour de la traditionnelle novillada de Pedraza de Yeltes dans les arènes de Garlin. Une nouvelle fois, les organisateurs béarnais ont choisi de faire confiance à la ganaderia de Salamanca face à des toreros inédits en France. Les aficionados avait bien répondu sur les gradins avec plus de ¾ d’arène.
Le lot de Pedraza de Yeltes envoyé par José Ignacio Sanchez et Luis Urranga fut sérieux dans son ensemble. Au niveau des gabarits, on note que les 3 premiers sont sortis de trapio modeste, dans le type de la ganaderia, et les 3 derniers, plus massif et sûrement plus âgés, également dans le type de la ganaderia. Les six exemplaires se sont révélés de sérieux collaborateurs, avec tous leurs lots de complications et des qualités intéressantes. Inégaux au cheval, ils ont parfois manqué d’émotions dans le dernier tiers mais tous, pouvaient permettre aux apprentis toreros de s’exprimer en piste.
Seul Isaac Fonseca a réussi à exploiter le plein potentiel de son lot. C’est également celui qui a le plus toréé des trois. Dans un style mexicain, spectaculaire et enjoué, Fonseca a récité ses gammes face à deux adversaires qu’il réussit à comprendre rapidement. Malgré un toreo un peu périphérique, il emmena ses deux adversaires pour des séries vibrantes, connectant avec les tendidos de Garlin. Il obtint 3 oreilles de son lot du jour pour s’offrir un triomphe important pour sa présentation dans le Sud-Ouest.
Santana Claros est issu des qualifications du matin. Le sévillan n’en est pas à son coup d’essai ! Il débuta en novillada piquée lors de la Temporada 2012. Dans un style bien andalou, son passage à Garlin a laissé de nombreuses interrogations sur ce garçon. Très esthétique et appliqué, débordant d’envie dans le ruedo en restant sérieux dans son toreo, Santana Claros n’aura pas eu le succès escompté faute à une épée défaillante. Mais dans le contenu, on nota de très bonnes choses, avec une réelle maîtrise sur ses deux sujets de l’après-midi. Un bilan mitigé donc, quand on sait que le sévillan aurait pu obtenir au moins un trophée s’il ne s’était pas trahi épée en main.
Sergio Rodriguez fermait la cartel. C’est également lui le plus vert de la terna. Déjà dans le patio de cuadrilla, l’espagnol paraissait tendu et peu à l’aise au milieu de photographes et taurins bien représentés au mètre carré. Sur sa première prestation, on ressentit le manque de confiance lorsqu’il se fit désarmer à plusieurs reprises. Face au second, il se ressaisit, ce qui nous a permis de découvrir un garçon avec des qualités et le potentiel de mieux faire. Sérieux, appliqué et avec des détails esthétiques notables, il faudrait peut-être le revoir avec plus de métier dans quelques mois. L’oreille qui lui fût octroyée refléta parfaitement le bilan de son actuation béarnaise.
Toro a Toro
Santana Claros ouvre la tarde avec une grande application et élégance capote en main. Il mène une lidia très campera avec une seule main. 2 piques sans que le novillo ne s’y emploie. Le sévillan trace une faena agréable avec de beaux détails très torero. Il torée presque exclusivement sur la corne gauche par naturelles. Malgré ces bons passages, le tout manque de fond face à un animal noble. Estocade à la troisième tentative un peu tombée.
Isaac Fonseca reçoit le second Pedraza de la tarde avec maîtrise. Il mène l’animal dans le sens contraire jusqu’au centre du ruedo. 2 piques sans que le toro ne s’y emploie. Fonseca débute sa faena au centre du ruedo par des passes changées dans le dos. Le mexicain est sérieux face à un animal pas totalement libéré. Il parvient à donner plusieurs séries de bonne facture en dominant son sujet. Il met une entière plate qui ne fait pas effet. Descabello en main, Fonseca est efficace et vient à bout du toro. 1 oreille
Sergio Rodriguez est absent de la mise en suerte du troisième. L’animal prend 2 piques. Désarmé dès le début de la faena, l’espagnol a du mal à prendre confiance face à un novillo à la charge irrégulière. L’espagnol n’abdique pas, il fait même preuve de courage et persiste pour se montrer à la hauteur du novillo. Ce dernier charge de manière irrégulière ce qui ne facilite pas la tâche de Rodriguez. Sur quelques muletazos, il parvient à faire illusion. Son manque de métier ne lui permet pas d’exploiter à 100% les possibilités de l’animal.
Le quatrième est d’un trapio supérieur. Juste de force, il est légèrement piqué sur l’unique rencontre. Le toro manque de transmission. Santana Claros réalise un début de faena appliqué qui lui permet de prendre le dessus sur l’animal. La faena va a mas et l’espagnol imprime quelques naturelles notables qui portent sur les tendidos. Malheureusement, l’espagnol ne réussit pas à profiter en gâchant l’estocade. Dommage après une nouvelle prestation intéressante.
Isaac Fonseca hérite d’un second plus massif aux armures inégales. Le picador se fait renverser sur la charge du novillo. Le Pedraza pousse sur la seconde malgré un tiers de piques raté par le piquero. Fonseca réalise une nouvelle faena aboutie. Il trace plusieurs séries bien rythmées sur les deux bords. On pourra lui reprocher un toreo un peu trop périphérique bien qu’il rattrape cela par une tauromachie spectaculaire et entraînante. La faena baisse un peu en intensité au fil des séries mais la bonne épée de fin lui permet de décrocher les 2 oreilles de l’animal.
C’est un jolie colorado qui ferme la tarde. Il prend deux piques sans pousser franchement. Sergio Rodriguez se remet en selle face à un animal d’un calibre supérieur en terme de gabarit. Là aussi, le manque de métier de l’espagnol se fait ressentir mais après quelques séries de réglages, c’est mieux. Sergio Rodriguez parvient à tirer de bonnes séries avec abnégation. Trop passif à certains passages, il se fait sérieusement renverser par le novillo et s’en sort miraculeusement. Sa faena va a mas et termine sur de bonnes notes. Avec une estocade bien ficelée, il obtient l’oreille du courage pour fermer cette après-midi de toros.
Garlin, Dimanche 3 avril 2022
6 novillos de Pedraza de Yeltes pour
Santana Claros : applaudissements et salut
Isaac Fonseca : une oreille et 2 oreilles
Sergio Rodriguez : silence et une oreille
Jean Dos Santos