Après le succès des toros de Margé la veille, ce sont les toros de Jandilla qui avaient la lourde tâche de clôturer la seconde partie de Toros y Salsa 2024. La noblesse au prix de tout le reste, le lot de Jandilla aura globalement servi, malgré de nombreux manques en termes de race pure. Comme souvent, Daniel Luque a sauvé l’après-midi en coupant trois oreilles, sortant ainsi a hombros par la grande porte.
Six toros de Jandilla, inégaux en présentation, avec des pointes parfois abîmées. Corrects de trapío et d’armures, excepté le premier et le dernier du lot. Tous nobles à souhait, mais manquant de transmission pour susciter de l’émotion. Les quatrième et sixième ont renversé la cavalerie à leur première rencontre, mais n’ont malheureusement pas confirmé leurs qualités lors de la seconde. Tous ont servi, excepté le dernier de la tarde. Compliqué et exigeant, le cinquième était plutôt sur la défensive, mais avec un fond de bravoure qui a offert le plus d’intérêt à cette après-midi.
Le mano a mano réunissait la figura n°1 française Sébastien Castella et le n°1 espagnol en France, Daniel Luque. Il n’y a pas vraiment eu de competencia entre les deux hommes, notamment aux quites où l’on aurait aimé que les acteurs du jour alimentent la compétition. Un duel donc décevant, remporté sans aucun conteste par Daniel Luque, totalement en maîtrise et au-dessus de ses deux premiers adversaires du jour.
Sébastien Castella a livré une après-midi professionnelle, notamment face à ses deux premiers toros maniables et « faciles » à toréer, toute proportion gardée. Après des efforts pour consentir à des faenas complètes, le Français fut privé de récompense à cause d’une épée défaillante tout au long de l’après-midi. Changement de ton face au cinquième jabonero de Jandilla, qui compliqua sérieusement la tâche à Castella de par sa présence et ses charges lourdes et brusques. Intéressant, l’animal obligea le Français à s’employer dans des séries engagées et parfois vibrantes avec les tendidos. Une après-midi globalement décevante pour Sébastien Castella, qui n’aura pas réussi à fructifier ses efforts en piste.
Daniel Luque a écrit une nouvelle page de son histoire avec les arènes de Dax. Pas la plus belle, mais l’histoire retiendra une nouvelle sortie a hombros après une après-midi où le torero de Gerena s’employa, comme à son habitude, pour faire beaucoup avec peu. Ses deux premiers adversaires de la journée ont offert beaucoup de noblesse malgré une transmission minimale. La torería de Luque a fait la différence, embarquant une nouvelle fois le public dacquois dans son univers. Des efforts notables en piste, notamment pour apporter de la diversité à son toreo et étoffer ses faenas. Grâce à deux bonnes épées, notamment la seconde, Daniel Luque quitte Dax avec un total de trois oreilles et la tête pleine de souvenirs après trois paseos cette année.
Toro a Toro :
Le premier toro de Jandilla est commode de présentation. Il prend deux piques en poussant très légèrement. Sébastien Castella donne le ton à l’après-midi avec un joli quite par chicuelinas. Le Français débute sa faena par des statuaires, mais le toro manque de forces. Castella réalise une faena à mi-hauteur pour maintenir l’animal et profiter de sa noblesse. Une entière efficace est placée au troisième essai.
Le second Jandilla se casse la corne. Il est remplacé par un sobrero du même fer. Bien présenté, l’animal prend deux piques sans histoire dans une lidia menée discrètement mais précisément par Daniel Luque. Le début de faena est maîtrisé avec des doblones sans céder le moindre terrain à l’animal. Luque compose avec le manque de forces de son adversaire mais réalise une prestation nettement supérieure à ce que Jandilla offrait. Il parvient à trouver le bon sitio, certes un peu sur le passage, pour allonger la charge de l’animal. Malgré des charges parfois saccadées, Luque parvient à les contenir et à maintenir l’intensité de sa faena. Une entière basse permet à la première oreille de tomber.
Le troisième est un joli burraco qui prend deux piques légères. Sébastien Castella réalise une faena volontaire devant un animal noble mais manquant de transmission. La technique du Français permet de construire une faena agréable. La présidence déclenche la musique trop tard, ce qui oblige Castella à prolonger la faena au-delà du nécessaire. Il termine par des séries statiques où il fait tourner le toro autour de lui. Malheureusement, l’épée est complètement de côté et José Chacon la retire aussitôt. Après deux pinchazos, Castella porte un coup de descabello parfait.
Daniel Luque hérite d’un second toro bravito au cheval, qui renverse la cavalerie à la première rencontre. Le toro est mobile, mais présente peu de race. Luque prend rapidement le dessus sur un toro qui se laisse faire. Malgré une charge limitée, Luque réussit à tirer plusieurs séries notables avant de demander timidement de la musique. La présidence l’accorde et le torero pousse pour tirer le maximum d’un toro manquant de fond et de force. À distance réduite, Luque parvient à maintenir le tempo et récite ses gammes. Main gauche, droite, sans épée, muleta à l’endroit ou à l’envers, tout y passe pour Luque qui fait parler son répertoire. Il tue d’une entière foudroyante, parfaitement placée, qui à elle seule vaut une oreille. Ce sont finalement deux oreilles que la présidence accorde, avec un succès plutôt favorable.
Le cinquième toro de Jandilla, un magnifique jabonero, prend deux piques en poussant légèrement mais sort seul du cheval. Le toro est intéressant mais très exigeant. Ses charges lourdes gênent Castella, en raison des coups de tête incessants. Dès l’entame, le Français tente de le soumettre par des passes de châtiment, la muleta posée sur le sable. Ce dernier tiers devient un combat entre l’exigence d’un toro mobile qui se défend et un torero en quête de solution. Castella parvient à tracer plusieurs séries valeureuses, mais l’épée n’est toujours pas au rendez-vous pour conclure.
Le dernier Jandilla est juste de présentation, à cause de ses cornes abîmées. Il prend deux piques en renversant la cavalerie à la première rencontre, poussant légèrement sur la seconde. Dès le tercio de banderilles, le toro se réfugie près des planches et charge sur la défensive. Malgré les tentatives de Luque, aucune option ne s’offre au Sévillan qui abrège en plusieurs temps.
Dax, Dimanche 8 septembre 2024
6 toros de Jandilla pour
Sébastien Castella : silence, silence après avis et silence
Daniel Luque : une oreille, deux oreilles après avis et silence
Jean Dos Santos