Dax : les toros de Margé offrent une très intéressante corrida !

Toros y Salsa a donné son coup d’envoi ce samedi 7 septembre 2024 avec la corrida portugaise matinale. Cet après-midi, ce sont les magnifiques toros de Robert Margé qui ont prolongé la journée. Si les épées ont empêché les toreros de sortir en triomphe, les toros de Margé, quant à eux, ont fait le spectacle tout au long de l’après-midi, grâce à leur race et leur présence en piste.

Six toros d’une présentation extraordinaire, dignes des arènes de Madrid. Six magnifiques exemplaires aux armures impressionnantes et au trapio très sérieux. Nobles, les toros de Margé ont tous donné du jeu malgré la tendance de certains à se réfugier près des planches, notamment le quatrième, qui a été le plus décevant de la corrida. Pour le reste du lot, tous les toros permettaient le succès, à condition de faire les efforts nécessaires pour s’imposer. Supérieurs, les troisième et cinquième toros se sont distingués par leur mobilité et leur transmission dans le dernier tiers. Le sixième toro fut très intéressant, mettant les hommes en piste à l’épreuve, poursuivant les banderilleros jusqu’aux planches et presque au-delà. Il a montré de la race et du sérieux, mais a manqué d’énergie dans le dernier tiers, peut-être à cause de l’effort consenti dans les deux premiers tiers.

Le premier toro de Robert Margé

Douze piques sans grand intérêt, avec certaines mises en suerte imprécises qui n’ont pas permis de mettre les toros en valeur. À noter l’exigence appréciable de la présidence, qui n’a pas cédé à la demande d’oreille pour Esau Fernandez, après un pinchazo et une épée de côté. Les triomphes ont du poids lorsqu’ils sont mérités !

Esau Fernandez et El Rafi ont animé l’après-midi face à quatre toros exigeants et propices au succès, ce qui ne fut pas le cas de Manuel Escribano, hors du coup lors de chacune de ses prestations. Le Sévillan, trop imprécis dans la lidia et peu concerné dans le dernier tiers, a néanmoins livré deux tercios de banderilles spectaculaires et engagés.

Esau Fernandez à puerta gayola face à son premier toro de Margé

Esau Fernandez jouait gros cet après-midi pour sa seconde comparution dans le Sud-Ouest cette année. Après deux « puerta gayola » réussies, il s’est impliqué tout au long de l’après-midi pour tirer parti des qualités de chacun de ses toros. Sa première prestation fut intéressante, avec un toro mobile mais manquant de classe. Le manque de précision à l’épée l’a privé d’une oreille, mais cela ne l’a pas démotivé face à son second adversaire. Plus mobile et encasté, ce second Margé lui a permis de tirer de bons muletazos, notamment à gauche en début de faena. Une prestation honorable, récompensée par une oreille malgré une nouvelle épée basse.

El Rafi a, à mon avis, réalisé sa meilleure prestation de matador de toros cet après-midi à Dax. Face à l’exigence, tant dans la présentation que dans le comportement de ses deux adversaires, le Français a été à la hauteur du rendez-vous. Avec maîtrise, entrega et toreria, il a livré une prestation solide, tant dans la lidia que dans la construction de ses deux faenas. Son premier adversaire, plus mobile, lui a permis de dessiner une faena classique, où El Rafi s’est appliqué dans son placement et sa capacité à exploiter les qualités du toro. L’oreille tombe logiquement. Son second, très exigeant, notamment dans la lidia, a semé la pagaille dans le ruedo, poursuivant les banderilleros jusqu’aux planches et passant tout près d’accrocher les hommes en piste. La cuadrilla du Français, composée de Mathieu Guillon, Thomas Ubeda et Manolo de los Reyes, a fait un travail remarquable. Dans le dernier tiers, El Rafi a repris la main pour remettre de l’ordre, avec des séries vibrantes et un toreo engagé près des planches. Sa faena a été intéressante, mais une nouvelle fois l’épée l’a privé d’un triomphe important. Le contenu, lui, laisse présager de belles choses pour l’avenir.

El Rafi face à son premier toro de Margé

Toro à toro :

Le premier Robert Margé est très bien présenté, sérieux d’armures et de trapio. Réception discrète de Manuel Escribano avant deux piques où le torero n’arrête pas le toro à la mise en suerte. Deux rencontres avec un toro qui pousse peu et sort seul. Escribano réalise un tercio de banderilles vibrant et manque de se faire prendre en sautant les planches. Forte ovation avant d’entamer le dernier tiers. Il ne parvient pas à trouver la clé face à un toro mobile et exigeant, mais manquant de transmission et de classe. Laborieux aux épées, c’est sous quelques sifflets qu’Escribano rejoint le callejon.

Esau Fernandez accueille à puerta gayola le second Margé, très bien présenté. Réception franche et bien exécutée. Deux piques avec un toro qui vient de loin mais ne pousse pas sur la seconde rencontre. Le Sévillan réalise une bonne faena face à un bon collaborateur de Margé. Meilleur à droite, le toro offre des séries bien construites par Fernandez, qui alterne des séries en ligne droite et d’autres plus enroulées. Après un pinchazo, il tue d’une entière de côté. Pétition importante, mais non entendue par la présidence.

Manolo de los Reyes aux banderilles devant le troisième toro de Margé

Le troisième Margé est magnifique, impressionnant d’armures et de trapio. Il prend deux piques, la seconde étant symbolique puisque le piquero lâche le palo à l’impact. Le Rafi avait pourtant réalisé une belle mise en suerte. Excellentes banderilles de Thomas Ubeda et Manolo de los Reyes, invités à saluer. El Rafi réalise une faena de haut niveau devant un adversaire encasté, pétri d’une noblesse de qualité. En plaçant bien sa jambe en avant, il domine l’animal. Sur le piton droit, le toro charge avec force, mais Rafi parvient à s’imposer. À gauche, le toro est plus doux, permettant au Français de templer davantage. Malheureusement, il pinche avant de tuer d’une entière foudroyante, qui libère une oreille méritée.

Le quatrième toro de Margé est d’une présentation exceptionnelle. Malheureusement, la réception et la lidia de Manuel Escribano sont en dessous des attentes. Le toro se dirige seul vers le cheval, recevant deux piques très légères. Le tercio de banderilles est spectaculaire, mais Escribano manque de se faire prendre à plusieurs reprises. Dans le dernier tiers, le torero semble désintéressé, sans réelle volonté de s’imposer face à un toro manquant de race, qui se réfugie aux planches. Après quelques muletazos peu convaincants, Escribano abrège la faena, concluant de manière chaotique. Sifflets logiques

Le qautrième toro de Margé

Esau Fernandez accueille à puerta gayola l’impressionnant cinquième Margé, qui sème immédiatement la pagaille dans l’arène, sautant à deux reprises dans le callejon. Ce toro, très mobile et volontaire, prend rapidement ses deux piques en se dirigeant seul vers le cheval. Après ces premiers tercios animés, Esau Fernandez reprend le contrôle de la situation et entame une faena de qualité. Les premières séries sont accomplies, profitant de la bonne charge du toro. Sur les deux bords, le torero propose des séries templées, mais au fur et à mesure, il se perd quelque peu dans une tauromachie moins construite et moins rigoureuse. Malgré les qualités évidentes de son adversaire, Esau, toujours avec engagement, ne réussit pas à les exploiter pleinement. Après un pinchazo, il conclut avec une entière de côté efficace. Une oreille est accordée après une pétition majoritaire, bien que l’épée de côté aurait pu, comme lors de sa première faena, l’en priver.

Le dernier Margé est également très bien présenté, massif et sérieux d’armures. El Rafi mène une lidia correcte, avec une première mise en suerte parfaite. Lors de la seconde rencontre, le toro part seul et prend l’habitude de fuir dans la cape des toreros en piste. Le tercio de banderilles est animé et les banderilleros Mathieu Guillon et Manolo de los Reyes se font tour à tour charger jusqu’aux planches Les deux toreros passent tout près de la correctionnelle, l’un après l’autre. Salut de Manolo de los Reyes qui aura eu davantage de réussite aux banderilles. El Rafi débute sa faena en citant le toro de loin, offrant ainsi deux bonnes séries. Toutefois, le toro se rapproche progressivement des planches. El Rafi, parvient à s’adapter à ces difficultés et revoit sa copie. Avec un toreo toujours aussi engagé, il réussit à tirer des séries méritoires des deux côtés du toro, à distance plus réduite. Cependant, l’épée le trahi de nouveau, laissant s’échapper un triomphe mérité. Dommage pour lui, mais cette prestation reste encourageante pour la suite.

6 toros de Robert Margé pour
Manuel Escribano : bronca et bronca
Esau Fernandez : vuelta et une oreille après avis
El Rafi : une oreille et vuelta

Jean Dos Santos