Ciel couvert, vent léger et température automnale. Plein de la jauge sanitaire à 5000 personnes. Beau succès dans cette période troublée.
Le Santiago Domecq d’ouverture était de petit format et juste de tête. Il se montra faible sous une pique légère entrecoupé d’un quite d’intention positive de Juan Leal. Miguel Angel Perera me surpris avec son offrande au conclave puis une entame avec bienveillance pour préserver la force à l’animal. Le dernier tiers sera soigné mais sans pets ni émotions. Devant le peu d’enthousiasme suscité, la cause fut vite réglée. Le maestro porta une lame de gendarme mais efficace. Ovation
Juan Leal décolla à fond les manettes par des véroniques enchaînées genoux en terre et une larga vibrante pour libérer le petit fauve bouillant d’envie. Après des piques versions minimalistes, le Parisien se posa au centre à genoux pour une mise en bouche tonique. Le Toro brave partait au galop dans la muleta avec une codicia et noblesse supérieure. Leal montra sa capacité à soutenir le rythme avec des enchaînements au tracé souple mais cela manqua de cachet. Le français étala son répertoire devant la générosité débordante du bicho au bout d’un moment ce fut vite répétitif quand même. Son apoderado Julian Guerra avec sagesse, lui demanda de conclure avant le trop plein de passe déjà accompli. Pinchazo puis une lame dans le bas fond provoqua une hémorragie nasale fatale. Pétition et oreille du public.
Avec le 3ème bas mais bien fait et conforme de pitons, on retrouva le standing convenu de la plaza. Gines Marin capta le Santiago Domecq avec technique et allure. Après une lidia approximative, on vit des puyas symboliques mais très applaudies par une partie du public. Pas d’accord, il faut piquer un minimum les Toros. Dès les premières passes le cornu se grandit dans la passe tirant au maximum son cou. Le maestro trouva le bon tempo et la synchronisation sur les deux bords. Puis brusquement l’animal accusa le coup et protesta avec une faiblesse de patte avant non décelé au préalable. Gines Marin ajusta son travail avec des passes coulées et moins exigeantes. Cela dura trop en longueur allant à la dernière goutte de gasoil. Par bonheur, la musique excellente de la Nèhe a maintenu l’intérêt jusqu’au bout. Les Bernardinas avortées confirmèrent le trop plein. Sabre en place Oreille bienveillante car la pétition n’était pas majoritaire.
Après la mi-temps, on nous proposa un chic burraco hésitant dans sa charge que Perera enroula savamment par des chicuelinas de gala. Belle lidia et bonne pique par sa cuadrilla de haut vol. Petite compétition de quite avec la cape dans le dos entre Juan Leal en perdant du terrain puis réplique dans le même registre mieux maîtrisé de Perera. Le maestro d’extremadura, étala sa grande maîtrise des Toros par une entame à genoux au centre démontrant son aisance technique supérieure à la moyenne. Mais c’est aussi une caractéristique qui le desservira tant les choses paraissent simple. Miguel Angel embarqua bien le toro sans se faire accrocher mais avec un toro montrant des signes de fléchissement et l’autosuffisance la sauce baissa de saveur. L’ensemble fut robuste mais déjà trop connu pour susciter l’enthousiasme. Le Bicho se remit à gratter et Perera se réfugia dans son répertoire de verticalité froide et autiste. Même les Luquesinas toujours porteuses sur le public resteront sans effet. Un avis résonna avant le premier un mete y saca hors de la cible. Pinchazo et tiers de lame pour conclure dans l’indifférence Silence
Le 5ème prototype était un splendide animal qui eut du mal à être hameçonner par un Juan Leal au capote attentiste. Les piques furent de nouveau mal exécutées et trop sévères. Grand tercio banderilles de Marco Leal. L’Arlésien fut trop sec dans ses premiers enchaînements et le cornu eut du mal à donner le change déjà essoré. Le Français voulait le soumettre avec la main très basse mais c’est trop exigeant pour la bête essoufflée. Le maestro se tourna alors vers son répertoire tremendiste. A la pointe du diamant de la corne. De rodillas et de dos, à la merci des poignards. Les avis divergèrent sur ce show de dompteur, les yeux dans les yeux. Le matador bondit sur le fauve pour porter une entière plate d’effet lent. Pétition minoritaire et le trio présidentiel garde le sérieux des lieux. Juan Leal tenta la vuelta avant de se raviser devant les protestations.
Le dernier Auroch de cette Feria était un beau melocoton tout en muscle que Marin sut embarquer avec le capote. Après deux premiers tiers sans histoire, la faena fut sur courant alternatif s’éternisant un peu de nouveau. Gines Marin semblait avoir une soif de triomphe de moindre intensité que les années passées. Une bonne épée pour conclure sans brio.
L’Agur Jaunak simple et sans fioritures joué en épilogue final par la Peña Los Calientes et l’Harmonie La Nèhe fut plein d’à propos.
Dax, Dimanche 15 août 2021
6 toros de Santiago Domecq pour
Miguel Angel Perera : ovation et silence
Juan Leal : une oreille et salut
Ginés Marin : une oreille et applaudissements
Arnaud Imatte