Dax – Clemente « Je pense que la grande qualité de cette faena a été d’avoir laissé le toro s’exprimer en ajoutant ma personnalité »

Ce jeudi 15 août, la Féria de Dax 2024 a atteint des sommets grâce à une excellente corrida de Santiago Domecq. L’enfant de Pouillon, situé à quelques kilomètres de Dax, Clément Dubecq, dit « Clemente », a eu rendez-vous avec son destin. Alors qu’il devait finalement affronter le sobrero du même fer, le Français s’est retrouvé face à un toro exceptionnel qu’il finira par gracier après une très belle prestation. Quelques jours après ce grand moment, et l’euphorie quelque peu retombée, Clemente revient sur ce jour qui restera gravé au plus profond de lui.

« Ça a été un moment spécial, un moment qui restera à jamais gravé, parce que c’est dans ces arènes que j’ai vécu mes plus grandes émotions en tant qu’aficionado. J’étais là le jour de l’indulto de Desgrabado par Miguel Ángel Perera » (toro de Victoriano del Río, 2008 N.D.L.R) commente le torero français. « J’ai vu Perera triompher ce jour-là, et j’étais au cartel avec lui cette année. Je me dis que c’est peut-être un signe. Je me suis vraiment senti chanceux. »

Dans une saison longue et intense, Clemente a connu, comme tous les toreros, des hauts et des bas, au moment où les aficionados ont augmenté leur niveau d’exigence envers le Français. Pouvoir toucher ce toro et le toréer comme il se doit a permis à Clemente de continuer de garder le cap dans cette année importante, comme il le souligne : « Je pense que j’ai gardé beaucoup de positif, même au cours d’une saison où parfois les toros n’aident pas. Celui-là m’a aidé, il m’a peut-être rendu tous les efforts que je fournis pendant la saison et je me suis vraiment senti heureux et chanceux. »

Un triomphe opportun malgré, il faut le rappeler, moins de 50 corridas torées depuis son alternative, alors que les figuras toréent le même nombre de courses sur une seule saison. Être au niveau est donc plus difficile, notamment lorsqu’on traverse des périodes sans forcément beaucoup toréer. La tauromachie est cruelle, et il faut savoir prendre le train en marche. « La chance que j’ai eue, c’est que je n’ai jamais arrêté de m’entraîner. J’ai toujours cherché à améliorer mon toreo. J’ai toujours cherché à m’adapter au toro que j’ai en face. Il y a des jours où ce n’est pas évident, il y a des jours où les toros ne me rendent pas la tâche facile, malgré les efforts que je peux faire devant eux. Même si la tâche était dure pour se hisser à la hauteur de ce toro, je pense y être parvenu parce que j’ai mis tout mon cœur et que j’ai aussi compris qu’il fallait laisser le toro s’exprimer », commente Clemente, avec dans la tête les images de cette faena.

« Arrucina » réalisée par Clemente qui a marqué la faena de son empreinte

Ce toro de Santiago Domecq, avec ses qualités de noblesse exceptionnelles, a chargé tout au long de cette faena. C’est ici que le Français a trouvé la clé de son triomphe : « Je pense que la grande qualité de cette faena a été d’avoir laissé le toro s’exprimer. J’ai pu ajouter ma personnalité aussi sans chercher à cacher ce toro. C’était un risque à prendre, mais parfois les risques payent, et ça a payé avec ce toro de Santiago Domecq », conclut le matador de toros, sourire aux lèvres, heureux d’avoir pu marquer de son empreinte les arènes de Dax, si chères à son cœur.