Chechu : « Laisser mon empreinte dans toutes les arènes où je m’habillerai en torero »

(Re)Découvert à Gimeaux en fin d’année lors de la Fiesta Campera de Lou Fourmigo, José Ramón García alias « Chechu » a fait son retour dans les ruedos français après une carrière de novillero fructueuse il y a maintenant plus de quinze ans. A 33 ans, le torero originaire de San Sebastian de Los Reyes continue de tenter de lancer définitivement sa carrière après plusieurs temporadas à une ou deux corridas.

Matador de toros depuis 2008 où il avait été parrainé par José Maria Manzanares dans les arènes de Segovia, Chechu nous partage son évolution et ses objectifs à court terme. Il parle également d’une expérience très spéciale puisqu’il a eu l’occasion de toréer à Rome pour le tournage d’un film…

©Alfredo Arévalo

Bonjour Chechu, merci de nous accueillir chez toi, est-ce que tu pourrais te présenter ?

Je m’appelle Jose Ramon Garcia, « Chechu » sur les affiches, matador de toros de San Sebastian de los Reyes.

Comment définis-tu ton concept du toreo ?

Je vois le toreo comme un art, et l’art doit sortir du sentiment. Mon intention quand je torée est de donner des émotions à l’aficionado et que les gens se rappellent sur le long terme d’une faena ou d’une de tes passes, ça doit vouloir dire que cela a touché quelque chose au plus profond d’eux.

Tu as la chance d’avoir la finca la plus proche de la ville de Madrid, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

C’est un endroit que j’ai aménagé petit à petit entre ganaderia de toros et mon foyer. Je suis à la foi le ganadero, le mayoral, le plombier, l’électricien. Pour la faire fonctionner, je dois tout faire moi-même. Mais cela me procure tellement de joie de vivre entouré d’animaux. Cette coexistence donne lieu à des situations spéciales avec les animaux que l’on peut voir dans très peu d’endroits.

©Alfredo Arévalo

Le fait de vivre au campo entouré d’animaux t’apporte-t-il de la sérénité dans ta vie ? Est-ce que cela a changé ta manière d’être comme personne ?

Totalement. Cette connexion constante avec la nature, qui pour un court laps de temps semble facile, mais quand tu fais face à sa dureté au quotidien, cela te faire voir la vie d’une autre manière. Comme le fait d’être avec les animaux te rend plus sauvage, dans le bon sens du terme.

Ton novillo Tamariz a été médiatisé en Espagne en ce début d’année, pour manger de la paella et regarder la télé, est-ce que tu peux nous raconter son histoire ?

C’est un veau que sa mère a refusé et j’ai dû l’élever au biberon. Il doit penser que je suis la mère et me cherche dans toute la finca, il entre dans ma cuisine ou mon salon. Il s’est créé un très beau lien avec un animal très noble.

©Alfredo Arévalo

Comment as-tu vécu ta temporada de l’année dernière, Quels ont été les points positifs et qu’est-ce que tu dois améliorer ?

Le meilleur est que j’ai pu m’exprimer et me montrer comme torero dans beaucoup d’occasions et me faire plaisir en toréant. J’aimerais pouvoir améliorer ma régularité avec l’épée.

Tu as pu couper une oreille à la fiesta campera de Gimeaux en fin de temporada, quelles ont été tes impressions ce jour-là ?

J’ai été enchanté de pouvoir débuter en France comme matador de toros. Grâce à mon apoderado et ami Jean qui m’a beaucoup imprégné de la culture taurine française, je suis en train de la connaitre et de la vivre d’une manière plus intense et j’aimerai beaucoup y retourner.

Comment vois-tu ta temporada 2024 ? Quels sont tes objectifs ?

Continuer à évoluer comme torero et comme personne. Et laisser mon empreinte dans toutes les arènes où je m’habillerai en torero.

Nous avons pu voir que tu avais participé au tournage d’un film à Rome, est-que tu peux nous en dire plus sur comment s’est passé le tournage ?

Ça a été un vrai bonheur. Pouvoir toréer à Rome. Le tournage a été difficile comme tous les films, beaucoup d’heures, beaucoup de répétitions, beaucoup de temps morts pour changer les caméras, mais le fait de pouvoir toréer là-bas et tout ce qui en découle récompense tous ces efforts.

Chechu à Rome !

Il y avait là-bas des novillos d’élevages français reconnus comme Tardieu ou Dos Hermanas. Que penses-tu des ganaderias françaises et de leur évolution ?

Cette année (2023 ndlr) j’ai pu connaitre les embestidas de plusieurs ganaderias françaises, et j’ai été agréablement surpris de leur évolution. Quand j’ai toréé comme novillero en France, les ganaderias qu’il y avait, n’embistaient pas comme celles de maintenant. Elles sont dans un très bon moment et j’espère que l’on pourra les voir dans des ferias importantes en Espagne. Je pense que la ganaderia de Dos Hermanas va faire beaucoup parler d’elle et en bien. A Rome, ses jaboneros ont été de rêve.

Est-ce que tu peux nous raconter une anecdote rigolote sur toi, que personne ne sait ?

Il y en a beaucoup… mais une des plus récentes a justement été quand je suis allé à Gimeaux l’année dernière, je venais directement de Rome, et j’ai eu un souci d’acheminement de ma valise qui avait le costume. Heureusement, j’ai pu toréer avec les affaires de mon ami le banderillero David Romero. Je pensais que j’allais devoir toréer avec la chemise à fleurs que je me suis acheté en Camargue.

©Alfredo Arévalo

Pour finir, as-tu un mot pour l’aficion française ?

Je suis comme fou pour vous voir bientôt dans ces arènes ! Et continuez à bien prendre soin de la tauromachie comme vous le faites.

Entretien réalisé par Juan Medina en Juin 2024