En terre camarguaise, c’est du côté de Salin de Giraud que la famille Yonnet a construit son élevage depuis la fin du XIXème siècle. C’est aujourd’hui la seule ganaderia française à avoir eu le privilège de lidier un lot de toros dans les arènes de Las Ventas. Un accomplissement pour de nombreux ganaderos que la famille Yonnet doit en grande partie à Hubert. L’illustre ganadero, disparu en 2014, avait réussi à exploiter au mieux la branche Pinto Barreiro avec un toro sérieux, armé et donnant du fil à retordre aux hommes en piste.
Après le décès d’Hubert Yonnet, c’est sa petite fille, Charlotte, qui est à la tête de la ganaderia arlésienne. A 42 ans, le ganadera française mène d’une main de mettre un cheptel composé de deux branches séparées des héritiers de la famille Yonnet : celui d’Hubert, le grand-père, et celui de Christophe, le père de Charlotte. Les deux fers proviennent de la même origine mais la différence se situe au niveau du comportement de l’animal comme me le témoigne la ganadera :
« Le fer d’Hubert donne un toro sérieux et brave. Mon grand-père a voulu apporter de la noblesse ce qui a laissé un peu de faiblesse chez les animaux. Dans la sélection de Christophe, on retrouve davantage de bravoure au détriment de la noblesse, moins présente que dans l’autre cheptel. C’est un éternel travail d’équilibre pour trouver la bonne formule ».
Après plusieurs années en dents de scie, la ganaderia Yonnet redresse la barre depuis maintenant quelques temporadas. Cette année, le lot de Saint Martin de Crau apparaît comme le point culminant d’une temporada pauvre en termes de quantité. Sur les 40 bêtes destinées aux arènes, seuls 10 toros/novillos ont pris la direction des arènes contre 30 torées en privée. Un constat difficile pour la ganadera, qui regrette également le manque d’affluence lors de la corrida de la Crau. « Cette année nous avons vendu 10 toros pour les arènes. Saint Martin de Crau avec un lot complet et des toros/novillos à Céret, Aire sur l’Adour, Vic Fezensac. »
Charlotte Yonnet a de quoi à être fière après la corrida de Saint Martin de Crau. Le lot de toros envoyé s’est révélé l’un des plus intéressants de la Temporada avec le triomphe d’Alberto Lamelas. La déception liée à cette corrida fut la décevante affluence avec à peine 600 entrées ce jour-là. Un coup dur pour la ganadera camarguaise : « Je suis fière de la corrida de Saint Martin. Les toros sont sortis intéressants et variés. Mais l’affluence dans les gradins ne nous encouragent pas. Si nos toros n’intéressent pas, il faudra revoir les choses pour le futur ».
Un constat alarmant notamment lorsqu’on constate que de nombreux aficionados militent pour plus de ganaderias françaises dans nos arènes. Il faudra désormais répondre présent sur les tendidos. Les organisateurs de la Unica de Saint Martin de Crau ont fait les frais de ce manque d’affluence avec une corrida supprimée à leur Féria 2021.
On pourra retrouver les toros des héritiers d’Hubert Yonnet à Saint Martin de Crau où deux toros seront présents lors de la corrida concours et à Arles, lors du desafio ganadero de septembre. En attendant l’officialisation de nouveaux cartels…