Azpeitia est un rendez-vous incontournable pour les aficionados du Pays Basque. On y trouve de nombreux français car cette ville est accueillante et si spéciale. Pour les fêtes de la San Ignacio, le public est festif, et parfois dans une effervescence que l’on peut retrouver à Pamplona (de manière plus modéré). Mais ce qu’il plait lorsqu’on va à Azpeitia, c’est que le public n’en reste pas moins sérieux même s’il est là pour faire la fête. Au moment de récompenser les toreros, et d’ovationner les toros, on retrouve de vrais aficionados.
Hier, pour la dernière corrida de la Féria, c’est un lot de La Palmosilla qui avait été retenu en présence de Morante de la Puebla, qui se présentait dans ces arènes, et du triomphateur de la dernière édition : Daniel Luque. L’opportunité du troisième poste a été donné à Diego Carretero, qui toréé peu et souvent dans d’autres types de cartel.
Le lot de La Palmosilla est sorti de trapio très modéré, et d’armures très inégales, supérieurs les cinquième et sixième, mal présenté le troisième. Dans le comportement, le manque de force a souvent contraint un lot avec un fond de race intéressant. Des toros nobles qui ont permis aux toreros de laisser de bons moments dans cette tarde. Le dernier supérieur au reste du lot, un grand toro qui aurait dû trouver meilleur opposition.
Daniel Luque obtient un nouveau triomphe. Sa science du toro et sa capacité à comprendre rapidement l’animal lui permet à nouveau de sortir comme triomphateur de la Féria d’Azpeitia après deux prestations de qualité, avec un bilan comptable qui auraient pu être supérieur s’il avait tué convenablement son premier opposant.
Morante de la Puebla était attendu comme le messie. L’engouement populaire lors de son arrivée et au moment du paseo est impressionnant. Ovationné dès ses premiers coup de capote, le torero de la Puebla livra une après-midi de grande qualité, où il laissa deux faenas pleines de toreria et de justesse. L’épée le priva d’un triomphe garantie, non pas par complaisance du public, mais bien par mérite.
Diego Carretero se retrouva sans options face au premier, le pire du lot. Il eut la chance de tomber sur un très bon toro en clôture de corrida, mais la marche était trop haute pour le torero de Alicante. L’excès de bravoure de l’animal dans ses charges mit en difficulté Carretero qui a limité les dégâts par son entrega et l’envie de bien faire. Dommage car ce sixième toro était fait pour obtenir un triomphe retentissant.
Toro a Toro
Le premier toro de La Palmosilla est léger de trapio et manque de force. C’est l’unique défaut de l’animal qui pousse modérément avec bravoure et qui charge avec noblesse. Morante de la Puebla réalise une bonne entame par chicuelinas et deux bonnes mises en suerte. La faena est donné avec beaucoup de douceur toreria, avec naturelles et trinchazo de bon goût. Dommage que le manque de force de l’animal envoie la faena a menos. Salut après pétition.
Le second proteste sur ses charges et sur les deux rencontres au cheval, mal mises en suerte par Daniel Luque. Tercio de banderilles chaotique de la cuadrilla. Luque réalise un bon début de faena face à un toro qui continue de protester mais qui est bien réglé. Il délivre plusieurs séries profondes avant une très bonne série de Luquecinas en fin. L’estocade est un peu verticale et longue d’effet. Il perd une oreille aux aciers.
Le troisième La Palmosilla est mal présenté. Lidia délicate de Diego Carretero face à un animal difficile à fixer. Le toro a très peu de force et pas de charge dans le dernier tiers. Diego Carretero est volontaire mais n’a aucunes options. 1 bonne estocade au second essai efficace.
La quatrième très modéré de présentation prend 2 piques où il proteste avant de s’impliquer avec force sur la fin de la seconde rencontre. Morante de la Puebla réalise un grand travail muleta en main où il prend d’abord la peine d’étudier l’animal. Il lui sert plusieurs muletazos de réglage avant de donner une leçon de toreria face à un animal noble mais manquant de force. Son toreo est juste tout comme son sitio et cela porte sur les tendidos. Il termine par plusieurs naturelles de trois quarts face dans une faena qui va a mas. Malheureusement il pinche à deux reprises avant une entière concluante. Nouvelle oreille perdue en route mais le public l’invite à effectuer une vuelta fêtée.
Daniel Luque reçoit un cinquième au trapio supérieur du reste du lot. L’animal prend deux piques légère avec un bon travail du picador. Grande paire de banderilles de Juan Contreras. La faena met un peu de temps à se lancer. Comme souvent, Luque trouve rapidement le sitio, améliore l’animal qui charge de plus en plus. Le torero de Gerena profite de l’extrême noblesse du toro et délivre des séries de meilleure intensité à chaque fois. Il tue d’une entière un peu longue d’effet mais les deux oreilles tombent. Bon toro de La Palmosilla.
Le dernier a également du trapio. Diego Carretero l’accueille au capote par quelques véroniques de bon goût. Le toro sort grandit de deux rencontres équestres où il s’implique. Carretero débute sa faena au centre du ruedo par des derechazos intenses, où l’animal met la tête sans d’arrêter. Le jeune matador de toros est dépassé par les charges incessantes de l’animal qui est vraiment très bon. Il est obligé de reculer mais reste volontaire. Sur le piton gauche, l’animal est un peu plus violent et met Carretero en difficulté. L’espagnol torée trop à mi-hauteur et n’oblige pas assez l’animal. Sur la fin de la faena, le toro est un peu plus fixe ce qui permet des séries moins accrochées et de meilleure qualité. 1 bonne épée pour conclure et une oreille de bien maigre bilan quand on voit la qualité du toro.
Azpeitia, Lundi 1er août 2022
6 toros de La Palmosilla pour
Morante de la Puebla : salut et vuelta
Daniel Luque : salut après avis et 2 oreilles
Diego Carretero : silence et une oreille
Jean Dos Santos