C’est dans des arènes pleines et sous un grand ciel bleu que débute cet après-midi de prestige en Arles. Le rendez-vous était attendu par les aficionados, Sébastien Castella est chaleureusement accueilli pour son retour à la tauromachie après 2 ans d’absence. Il affronte le péruvien en haut de l’escalafon et les toros d’encaste Santa Coloma de La Quinta. La promesse d’une grande tarde est là mais malheureusement il me reste un goût amer…
Face à un lot de toros globalement bon (plus armés le 3 et le 6, le 4 et le 5 les plus braves et le 1, le 2 et le 4 les plus nobles, peut-être trop pour les 2 premiers), le biterrois termine avec 3 silences et 4 avis quand Roca Rey coupe 4 oreilles, synonyme de triomphe après avoir dominé de la tête et des épaules ses adversaires du jour. Que demander de plus me direz- vous? Plus, assurément!
Castella passe complètement à côté, son style tout en technique ne transmet pas d’émotion, il est dépassé, il perd du terrain face à chacun de ses adversaires. Roca Rey fait l’étalage de son toreo. Il n’y a pas de mano à mano! Et côté bétail, bien que le lot est loin d’être décevant, bien présenté, dans le morphotype de l’encaste, les toros sont gris comme des Santa Coloma, ont le trapio et la tête de souris du Santa Coloma, ont le moteur des Santa Coloma, répétant passe après passe, mais coté caste et émotion, on se rapproche de plus en plus du toro de Domecq…
Pas grand chose à signaler sur le premier toro. L’arlésien Mehdi Savalli salue le public après avoir posé 2 belles paires de banderilles, avant que Castella brinde ce premier toro au public. Le toro répète sans transmettre, le style tout en technique du biterrois ne fait pas mieux. Première lame traversante, puis ¾ de lame. Silence après avis.
Roca Rey reçoit avec classe capote en main son premier opposant de la tarde. Au dernier tiers, il dessine tout en finesse des naturelles sur la meilleure corne du toro et finit par des luquecinas dont il a le secret. Oreille après avis, qui aurait pu être généreuse sans un estoconazo pour clore les débats.
Face au troisième toro, Castella n’y arrive pas. A part un joli quite par media veronica avant le second tiers, le français enchaîne les naturelles sans jamais trouver échos dans les travées. Silence après 2 avis.
Le quatrième toro aurait pu être synonyme de triomphe majuscule pour le péruvien. Le toro est brave au cheval. Après brindis au public, le diestro enchaîne les passes sur les deux rives. Il termine par une série de circulaires extraordinaires, enroulant littéralement le toro autour de lui. Le toro fait la toupie, le public explose. C’est là que tout dégénère. Comme trop souvent, des “indultos” descendent des travées. C’est dans un bruit assourdissant que Roca Rey tue le quatrième toro de la soirée. Bajonazo… Quel dommage!
Si seulement le public avait laissé le maestro finir son labeur dans le respect qu’impose la mise à mort… Oreille et vuelta amplement méritée pour le toro!
C’est face à son dernier toro que le maestro de Béziers est sans doute le plus décevant. Face à un toro avec une corne droite pleine de caste, certe avec un brin de violence, Castella se cache sur l’autre corne. Il n’est pas à la hauteur de son opposant. Silence après avis.
Face au sixième et dernier toro, Roca Rey ne baisse pas de régime. Face à un toro sérieux, le maestro péruvien fait preuve de dominio. Il enchaîne là encore les passes avec temple. 2 oreilles après avis. La seconde discutable mais venant certainement récompenser une tarde durant laquelle Roca Rey a fait démonstration de son génie au public arlésien.
Arles, Samedi 8 avril 2023
6 toros de La Quinta pour
Sébastien Castella : silence, silence et silence
Andrés Roca Rey : une oreille, une oreille et 2 oreilles
Seb Combe