« Avant de résumer la corrida d’hier, j’ai une question qui tourne en boucle : Où est passé le premier
tiers ? Peut-être que je l’aime trop ? Peut-être que c’était la goutte d’eau ? Les arènes d’Arles sont de
première catégorie et les toros de Victorino Martin ont une histoire et une génétique à faire perdurer,
nous nous devons d’être exigeants ! Je reste conscient qu’il n’y a pas le même amour pour ce tiers
chez chaque aficionado, mais il y a quand même des codes à respecter, des distances à allonger et des
montures à pousser. Arrêtons d’applaudir les piques anecdotiques, arrêtons de siffler les piqueros
quand ils ne font que leur métier ou suivre les consignes des maestros. La corrida ne se résume pas au
dernier tiers ! »
Je tiens à préciser avant de commencer que les premières lignes n’engageaient que moi…
Lundi après-midi, changement de cartel. Leo Valadez n’est pas remis d’une blessure à la main, c’est
Adriano (comme on doit l’appeler maintenant) qui accompagne Clemente et José Garrido.
José Garrido, justement, ne fait pas l’effort face à son premier adversaire du jour. Le toro est un petit
diable. Il tourne court et envoie la tête. Le maestro abrège les débats avec une ½ lame à la troisième
tentative sans avoir toréé. Pitos au maestro et au toro à l’arrastre.
Clemente reçoit le même opposant que le premier de l’envol. Après 3 piques où le toro charge avec
allégresse, le maestro met l’énergie et l’envie nécessaires pour lidier ce genre de toro. Malgré un
danger permanent, le landais effectue une poignée de séries courtes, efficaces, pleines de poder. Il
perd cependant un trophée évident aux aciers. Ovation après 2 avis.
Le premier toro d’Adriano a moins de vices que les deux autres. Malgré plus de jeu à proposer, il
n’en reste pas pour autant moins ennuyant. La sauce ne prend pas vraiment. Le français effectue
tout de même de belles passes notamment à droite, toujours avec la voix. Échec à nouveau à la mise
à mort avec 2 épées traversantes. Ovation.
Le quatrième toro est piqué par 3 fois en allongeant la distance à chaque fois. Il pousse sur les 2
premières rencontres, pas sur la troisième où le groupe équestre l’attendait à l’arrastre. José Garrido
débute bien sa faena à droite. La corne gauche paraissant d’abord impossible, permet finalement elle
aussi à l’espagnol de nous présenter une faena sérieuse avec poder. Faena en 2 temps, qui baisse en
régime en seconde partie. ¾ de lame efficace qui lui permet d’obtenir une oreille après avis.
Le second toro de Clemente parait bien léger. Le français nous propose un numéro d’équilibriste
pendant lequel il se fait prendre la jambe à plusieurs reprises sans jamais vaciller. Le toro répond à
chaque citation par des charges courtes, tournant tôt dans la muleta. Le maestro continue dans son
style, avec efficacité et dominio. 2 oreilles, la dernière généreuse.
Pour le dernier toro de la tarde, Adriano ne trouve pas le rythme en début de faena. La feana va a
mas, il finit par dompter son opposant, nous proposant tardivement quelques séries pleines de
classe après le premier avis. Il conclut par une épée trasera mais efficace. C’est distribution
d’oreilles en cette fin de féria, 2 oreilles.
Arles, Lundi 10 avril 2023
6 toros de Victorino Martin pour
José Garrido : silence et une oreille
Clemente : salut et 2 oreilles
Adrien Salenc : silence et 2 oreilles
Seb Combes