Antonio Ferrera est l’un des derniers toreros romantiques du circuit actuel. Connu pour son tempérament fougueux et son toreo créatif, l’Extremeño a marqué les esprits en affrontant les toros les plus exigeants du Mundillo lors de la première partie de sa carrière. Spectaculaire et imprévisible, il brillait notamment par ses tercios de banderilles époustouflants et son engagement total face aux cornes.
Mais en 2015, une grave blessure à l’avant-bras l’éloigne des ruedos pour un long moment. À son retour, son toreo prend un tournant radical : adieu l’exubérance des banderilles, place à une tauromachie plus épurée, plus profonde, mais toujours empreinte de cette touche d’inspiration qui le caractérise. Derrière cette transformation, des épreuves personnelles : en 2019, victime de sérieux troubles psychologiques, il frôle la tragédie en chutant d’un pont. Un épisode sombre dont il ressortira, paradoxalement, plus créatif que jamais.
C’est d’ailleurs autour des années 2020 qu’Antonio Ferrera connaît ses plus grands triomphes. Sa marquante encerrona madrilène de 2019 ouvre un nouveau chapitre de sa carrière, celui des défis en solitaire. Madrid (2019, 2021), Pampelune, Olivenza, Badajoz, Nîmes, Mont-de-Marsan… autant d’arènes où il s’illustre en combattant seul des corridas entières. Sa capacité à innover séduit les aficionados, avant qu’une certaine extravagance répétée ne finisse par lasser une partie du public.

En 2024, l’évolution est frappante : Ferrera ne participe qu’à 17 corridas, loin de son impressionnant bilan de 2022 où il terminait troisième de l’escalafón avec 52 courses. Une trajectoire imprévisible, à l’image du torero lui-même : insaisissable, inspiré et toujours hors des sentiers battus.
Mundillo Taurino vous propose de plonger en détail sur la carrière d’Antonio Ferrera depuis la temporada 2020 !
Antonio Ferrera, un torero de défi !

Si l’on dressait un bilan des ganaderías affrontées tout au long de sa carrière, l’importance des encastes minoritaires apparaîtrait encore plus marquée. Bien que son nouveau statut lui ait permis d’intégrer des cartels prestigieux aux côtés des figuras, l’appel du toro a toujours guidé les choix d’Antonio Ferrera.
Au cours des cinq dernières temporadas, son histoire avec les toros de Victorino Martín s’est poursuivie avec pas moins de 29 exemplaires combattus, dont une encerrona à Olivenza. La diversité des encastes reste l’une des marques de fabrique du torero extremeño, un élément qui a toujours nourri la richesse de son toreo.
À noter également son engagement face aux toros de Miura, avec douze exemplaires combattus, dont six en solitaire dans les arènes de Pamplona en 2022.
Madrid, une arène clé dans le succès d’Antonio Ferrera

Si nos chiffres débutent en 2020, il est essentiel de replacer cette période dans son contexte : la fin de la temporada 2019, marquée par un triomphe retentissant d’Antonio Ferrera à Las Ventas. Lors d’une encerrona exceptionnelle, il coupe deux oreilles et inscrit son nom dans l’histoire de l’arène madrilène. Un succès clé qui influencera les saisons suivantes et lui ouvrira les portes des cartels de premier plan.
Lorsqu’on analyse les arènes où il a le plus toréé depuis 2020, une tendance se dessine : la majorité sont des plazas de première catégorie. Antonio Ferrera est un torero d’élite, et ses contrats le confirment !
Mais ce qui frappe le plus, c’est son lien particulier avec Las Ventas. En trois ans (2020 étant une année blanche), il y a combattu à sept reprises, un des totaux les plus élevés du circuit, tous toreros confondus !
Antonio Ferrera, le torero populaire par excellence

Depuis 2020, Antonio Ferrera a toréé un total de 128 corridas, avec une présence marquée dans les arènes de première et deuxième catégorie. Mais il ne se limite pas aux grandes plazas : on le retrouve aussi dans des arènes plus modestes, notamment en France, où il a figuré aux cartels de Mimizan, Lunel ou encore Châteaurenard.
Torero populaire par excellence, il offre aux aficionados la chance de l’admirer aussi bien dans les arènes prestigieuses que dans celles qui en ont besoin pour remplir leurs gradins. Une démarche précieuse pour la diversité et la vitalité de la tauromachie !
A 47 ans, Antonio Ferrera vit les dernières temporadas de sa carrière. Malgré un passage à vide, sa capacité à lidier tous types d’encastes devrait lui permettre de poursuivre son chemin dans les arènes et de nous offrir quelques ultimes moments fidèles à son image.
Jean Dos Santos